Le jeudi 14 juillet au soir, Nice célèbre la fête nationale avec un feu d’artifice sur le boulevard. Une fois le spectacle terminé, il est encore rempli de monde. Juste à ce moment, vers 23h30, un camion blanc fonce vers la foule de plus de 30 000 personnes.
Le camion de 19 000 kilos parcourt 2 kilomètres le long du boulevard. Le chauffeur zigzague dans la foule pour percuter le plus de monde possible, confirme la police française. En 4 minutes et 17 secondes, il tue 86 personnes. Plus de 400 autres sont blessés. C’est, après l’attentat de Paris du 13 novembre 2015, l’attentat le plus meurtrier de France.
Ce soir-là, Franck Terrier (55 ans) se rend au feu d’artifice avec sa femme, ensemble sur un scooter. Ils sont en retard pour le spectacle alors ils descendent le boulevard pour prendre un cornet de crème glacée à la place.
Lorsque le camion les rattrape de l’autre côté du trottoir, il décide de déposer sa femme et de se lancer à sa poursuite. Il jette son scooter devant le camion puis grimpe par la fenêtre ouverte de la cabine du camion.
Les deux se battent et le conducteur décide de tirer sur Terrier. La balle manque sa cible, Terrier quitte la cabane en vie. Les policiers tirent et tuent le conducteur du camion qui est maintenant en panne.
Maintenant, plus de six ans plus tard, Terrier se promène toujours avec un sentiment de culpabilité, il dit Le Télégramme. Il a plus de mal à faire face aux familles pendant l’affaire. « J’ai toujours l’impression que je n’en ai pas fait assez, que j’aurais pu agir plus vite. »
L’auteur assassiné s’avère être le Tunisien de 31 ans Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Selon son père, il était un garçon solitaire et a souffert de dépression entre 2000 et 2004.
En 2005, il s’installe à Nice et épouse une franco-tunisienne. Il a travaillé comme livreur de colis et a obtenu un permis de séjour.
Violent
Lahouaiej Bouhlel s’est révélé très violent et le couple a divorcé deux ans avant l’attentat. Il est devenu chauffeur et une dispute avec un autre chauffeur lui a valu une peine de six mois avec sursis en mars 2016, a déclaré le ministre français de la Justice Jean-Jacques Urvoas. « Il lui a jeté une palette en bois. »
Il était déjà connu de la police à l’époque. Au total, il serait condamné cinq fois pour vol, agression et vandalisme.
Le Tunisien n’était pas un musulman strict. Il buvait, se droguait et mangeait du porc, raconte la correspondante Eveline Bijlsma. « Ils ne le connaissaient pas non plus à la mosquée de la région. » L’homme ne s’est radicalisé que quelques semaines avant l’attentat.
Pas le travail d’un solitaire
Au début, on pensait que l’attaque était l’œuvre d’un solitaire, dit Bijlsma. « Plus tard, il s’avère que, par exemple, il a eu des contacts avec un mentor du djihad quelques mois plus tôt. » Conseils de service ? « Vous devez charger ce camion aussi lourd que possible. »
Deux jours après l’attentat, l’État islamique (EI) a revendiqué l’attentat de Nice, mais les autorités françaises affirment qu’il n’y a aucune preuve que le groupe terroriste ait orchestré l’attentat.
Voyage gratuit pour les victimes
Le procès, qui commence aujourd’hui, se tiendra dans une salle d’audience spéciale, construite sur mesure pour le procès des attentats de Paris dans le palais de justice historique de la capitale. D’autres éléments de ce processus seront également utilisés, comme l’assistance psychologique aux victimes. Tout le monde peut écouter le processus via un flux en direct en ligne, y compris à l’étranger, d’où provient un quart des victimes.
« Il y avait beaucoup d’attention pour cette affaire antérieure », dit le correspondant Bijlsma, « et j’attends la même chose pour ce procès. » Les deux cas sont très bien arrangés, selon Bijlsma. Les victimes peuvent se rendre gratuitement au palais de justice de Paris et il y a beaucoup de place pour les victimes et les proches survivants qui peuvent faire usage de leur droit de parole.
Parce que le principal suspect dans l’affaire est mort, le rôle de huit autres suspects fera l’objet d’une enquête. Eux, sept hommes et une femme, seraient impliqués dans l’attaque de diverses manières, par exemple par le biais du commerce d’armes destinées à l’auteur.
Risque de récidive
Trois d’entre eux sont coincés, un ne peut physiquement être là. Le site d’information français TF1 Info donne une description détaillée des suspects. Seuls trois d’entre eux – Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb – sont jugés pour des actes terroristes. Deux d’entre eux risquent vingt ans de prison. Arefa risque une peine d’emprisonnement à perpétuité en raison du risque de récidive. « Il aurait aidé à la recherche d’armes », a déclaré Bijlsma.
Les cinq autres sont jugés pour « association de malfaiteurs » et violations de la législation sur les armes. Ils risquent cinq à dix ans de prison.
L’extrémisme en France
L’attentat de Nice a eu lieu à un moment mouvementé pour la France, un an et demi après l’attentat contre le magazine satirique Charlie-Hebdo et huit mois après les attentats de Paris. Le président François Hollande a donc décidé de prolonger l’état d’urgence après l’attentat de Nice.
« La dernière vague d’attaques a eu lieu en 2020 », explique Bijlsma. Puis l’enseignant Samuel Paty a été décapité dans la rue, trois personnes ont été tuées dans un attentat terroriste dans une église de Nice et deux personnes ont été agressées par un homme avec un couperet près de l’ancien bureau du magazine Charlie Hebdo. C’est maintenant plus calme en France, dit Bijlsma.
Cependant, cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de menace djihadiste. Le pays se situe désormais au deuxième des trois niveaux de vigilance. Cela signifie « risque d’attaque », explique Bijlsma. Le niveau un signifie « vigilance », le niveau trois signifie qu’une attaque est imminente. La France n’est donc plus au niveau trois, mais « l’EI n’est pas mort et les djihadistes libérés peuvent aussi constituer une menace ».
Risque accru d’attaques
Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, a mis en garde vendredi le pays contre un risque accru d’attaques par des extrémistes islamistes d’Irak et de Syrie. Richard dit dans une interview avec la chaîne d’information française BFM TV que la menace extrémiste a augmenté depuis 2020. « Depuis deux ans, nous avons vu l’EI reprendre du terrain et se restructurer en Irak et en Syrie. »