Armin Laschet était à Paris mercredi, c’est sûr. Il a commémoré les victimes des attentats du 13 novembre 2015 et a appelé à une coopération européenne accrue contre le terrorisme, un « FBI européen » était nécessaire, selon Laschet. Mais lorsqu’on lui demande dans quel rôle Laschet a visité la capitale française, les premières incertitudes commencent. Au programme du président français Emmanuel Macron : « Conversation avec Armin Laschet, candidat de la CDU/CSU à la Chancellerie allemande ».
La Chancellerie d’État de Rhénanie du Nord-Westphalie a en revanche annoncé que ce n’était pas le militant Laschet qui se rendait sur la Seine, mais « l’agent de la République fédérale d’Allemagne pour les affaires culturelles dans le cadre du traité de Franco -Coopération allemande ». Comme si Laschet n’était pas dans le sprint final vers le sommet de l’État, mais simplement un fidèle serviteur de son bureau. Dans son rôle de représentant culturel, il s’entretiendra avec Macron de « comment nous pouvons dépasser les frontières ensemble ».
Deux jours avant Laschet, son rival, le candidat chancelier du SPD Olaf Scholz, avait franchi la frontière entre l’Allemagne et la France et avait rencontré Macron pour une conversation d’une heure à l’Élysée. La courte distance entre les deux visites a créé une compétition : qui est le meilleur ami de la France, Scholz ou Laschet ? En fait, les deux hommes sont exceptionnellement bien qualifiés pour le rôle : Scholz était le prédécesseur de Laschet au poste de représentant culturel. Ni l’un ni l’autre ne parlent français, mais leurs contacts avec le gouvernement à Paris sont si étroits que la vision française des élections fédérales est presque caractérisée par un certain relâchement. Que ce soit Scholz ou Laschet : c’est sûr d’être un ami.
Le SPD et l’homme de la CDU peuvent tous deux obtenir le soutien du passé. Lundi, Scholz a évoqué les longs entretiens avec l’ancien chancelier Helmut Schmidt, qui avait été son mentor, pour ainsi dire, sur les questions d’amitié franco-allemande. Ce faisant, Scholz a essayé de se positionner comme l’héritier du grand amour. Après tout, il n’y a guère de relation politique aussi romancée que celle du duo franco-allemand Helmut Schmidt / Valéry Giscard d’Estaing. Les médias français, en revanche, insistent constamment sur le fait que Laschet ressemble plus à Helmut Kohl qu’à Angela Merkel. Un catholique de Rhénanie qui, contrairement à la Merkel est-allemande, a déjà un accès privilégié à la France en raison de ses origines.
Tout comme Laschet et Scholz se disputent maintenant le poids politique mondial dans un contexte parisien, Macron s’est également rendu à Berlin en tant que militant électoral en 2017. Et a été reçu par Merkel précisément à ce poste, en tant que candidat, en mars 2017, un mois avant les élections. Au grand dam du candidat conservateur François Fillon, qui a rendu visite à Merkel en janvier 2017 et a insisté sur son accès privilégié à la chancelière. Après tout, le républicain conservateur Fillon et la femme CDU Merkel appartiennent à la même famille de partis. Le fait que Merkel ait attendu après le premier tour pour exprimer clairement sa sympathie pour Macron n’a pas réconforté Fillon.
Les Verts affichent ouvertement leur enthousiasme pour les projets européens de Macron
D’autres, au sein du gouvernement allemand, avaient depuis longtemps abandonné leur réticence. Le ministre social-démocrate des Affaires étrangères de l’époque, Sigmar Gabriel, s’était lui-même photographié bras dessus bras dessous avec le candidat Macron en mars 2017 et s’était dit « absolument certain » que Macron « méritait notre soutien ». Et ce bien qu’à cette époque le social-démocrate Benoît Hamon soit encore sur la liste des candidats en France. Mais aucun autre candidat n’avait fait campagne pour l’Allemagne aussi clairement que Macron. Que ce soit avec le conservateur Fillon ou avec les forces extrêmes fortes, la gauche Jean-Luc Mélenchon et la droite Marine Le Pen : Lors de la campagne électorale française de 2017, Berlin a représenté son voisin trop dominant, qu’il a fallu freiner . Sauf chez Macron.
Si la France est déjà beaucoup plus nerveuse sur ses propres luttes pour la présidentielle de 2022 qu’elle ne l’est avec l’élection fédérale, ce n’est pas seulement parce qu’une élection chez elle éclipse toujours une élection à l’étranger. Mais aussi parce que ni la France ni l’Europe n’ont à craindre une rupture extrême avec le scrutin de Berlin. En Allemagne, contrairement à la France, aucune Marine Le Pen n’attend sa chance. Et même si la candidate des Verts Annalena Baerbock n’a pas encore effectué de visite publicitaire à Paris, les Verts allemands affichent depuis longtemps ouvertement leur enthousiasme pour les projets politiques européens de Macron. Même s’ils doivent fermer les yeux sur la fidélité de Macron au nucléaire et sa politique d’asile restrictive.
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