Les Pionniers : Jonathan Boyers, le flexitarien qui volait dans les fruits secs

Jonathan Boyer est l’Américain qui a ouvert la voie à Greg LeMond, triple vainqueur du Tour, et à Lance Armstrong en particulier. Un garçon profondément religieux aussi, qui a quitté son domicile parental en Californie à l’adolescence pour aller faire du vélo dans la lointaine France. Il franchit cette étape avec un seul objectif en tête : devenir cycliste professionnel. Il l’a fait en effet, mais pas n’importe lequel. Boyer a été le premier cycliste américain à participer au Tour de France.

C’était en 1981, quatre ans après que Boyer soit officiellement devenu professionnel. 1981 est aussi l’année de ses débuts à Paris-Roubaix, course où il terminera 55e. Il l’a fait au service de Renault-Elf, l’équipe de France cycliste qui sera dissoute quelques années plus tard.

Rouler pour Renault-Elf, c’était aussi : rouler pour Bernard Hinault. L’Américain s’est donc senti comme un pion dans son équipe cycliste. Comme quelqu’un qui a roulé uniquement au service de la légende du cyclisme français, quintuple vainqueur du Tour et à l’époque au sommet de ses capacités.

Étoiles et rayures

C’est Félix Lévitan, ancien journaliste et ancien patron du Tour, qui a encouragé Boyer à courir le Tour de France avec le drapeau américain sur son maillot. Le Étoiles et rayures en a fait un véritable point de repère en France. Mais Boyer était également considéré comme un cycliste capricieux ; des noix et des fruits secs, par exemple, qu’il avait fait venir des États-Unis. Il était végétarien à temps partiel – le poisson et le poulet lui convenaient, mais il renonçait aux autres produits à base de viande. Un flexitarien, avant même que ce mode de vie ne s’appelle ainsi.

Boyer a participé cinq fois au Tour de France, avec une douzième place comme meilleur résultat. Un an après ses débuts sur le Tour, son point culminant aurait dû être lors du championnat du monde à Goodwood, en Angleterre. En finale, il était en tête, mais son coéquipier LeMond augmentait le rythme avec les poursuivants. Le profit? Celle-ci est donc revenue à l’Italien Giuseppe Saronni.

Cinq mille miles à travers l’Amérique

Après cinq participations au Tour, Boyer s’est dit qu’il était temps de relever d’autres défis. Il s’est donc tourné vers d’autres branches du cyclisme. Il a donc participé au Course À travers Amérique, une course cycliste de 5 000 kilomètres qui se déroule d’est en ouest. Pas d’étapes, pas de temps de repos fixes.

Boyer a embauché un acupuncteur pour traverser la course. C’était une tentative pour faire face aux courtes nuits, mais cela n’a pas réussi : il a subi des lésions nerveuses aux mains et aux pieds. Il ne voulait tout simplement pas abandonner. Après neuf jours, deux heures et six minutes, il a terminé le Course à travers l’Amérique de toute façon.

Peine de prison

Au tournant du siècle, le cycliste a perdu son éclat. En 2002, Boyer a été condamné à une peine de prison pour agression sexuelle sur mineur. Il retrouve sa liberté un an plus tard. Mais il avait perdu sa femme, son statut et sa réputation.

Boyer a profité de sa libération pour inaugurer une nouvelle phase de sa vie. Il a commencé à travailler sur un projet qui devrait donner aux cyclistes rwandais des opportunités dans le monde du cyclisme de compétition. Peut-être une référence symbolique à son propre travail de pionnier, qui l’a amené au Tour de France en 1981 en tant que premier Américain.

Perrine Lane

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