Pour l’histoire de Marcel Molinès il faut remonter près de trois quarts de siècle, en 1950. C’était le 27 juillet, la météo annoncée n’était pas favorable aux participants du Tour : il ferait une quarantaine de degrés.
Mais canicule ou pas : les cyclistes se sont élancés dans cette treizième étape du Tour de France, qui menait de Perpignan à Nîmes. Normalement, l’équipe de Molinès n’a joué aucun rôle significatif dans une si grande course, mais jeudi, son directeur sportif a vu sa chance. Y avait-il finalement quelque chose à gagner pour l’équipe nord-africaine ? Après tout, ses coureurs étaient habitués aux températures élevées.
Vague De Chaleur
Aux yeux du chef d’équipe, la réponse était claire : bien sûr. Il a donc réuni ses hommes avant le début de l’étape, l’Algérien Molinès et son compatriote Abdel-Kader Zaaf notamment. Le plan de course qu’il leur a chuchoté était fondamentalement simple : faire une tentative d’évasion précoce et surprendre les participants qui supportaient mal les températures chaudes.
Sans surprise, le peloton s’est relâché pendant l’étape. Avec deux chambres à air accrochées aux épaules, Molinès a fait sa course. Un panier pendait à son guidon, qui était rempli de deux bouteilles d’eau. Les spectateurs le long du parcours étaient également préparés à la chaleur : avec des tuyaux d’arrosage, ils ont arrosé les coureurs avec de l’eau pour se rafraîchir.
Quand son coéquipier Zaaf était près de Molinès, c’était l’heure du plan de bataille de leur chef d’équipe. Pendant un moment, la tentative d’évasion des deux hommes a semblé fonctionner, en mettant l’accent sur les moments. Car ce sur quoi personne, y compris Molinès, n’avait compté : sur le bord de la route, un supporter a offert aux coureurs une bouteille de vin contre leur soif. Les bouteilles d’eau étaient maintenant vides, les remplir n’était pas facile. Zaaf a accepté, a accepté l’offre du supporter et a également bu cette bouteille de vin d’une traite.
Endormi contre un arbre
Résultat : Zaaf n’a pas pu terminer l’étape et est tombé de vélo quelques instants plus tard, pris d’ivresse. Gagner l’étape n’était plus une priorité pour lui. Au lieu de cela, Zaaf s’est endormi – contre un arbre. Il finira par quitter le Tour.
Et Molines ? Il marchait imperturbable. Sans eau, il a bravé la chaleur et est devenu le premier Africain à remporter une étape du Tour. C’est aussi un moment sportif pour le cycliste algérois : en 1954, il arrête le vélo pour continuer sa vie de chauffeur de taxi à Marseille.
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