L’énorme colère de la France contre Biden : « Ça me rappelle M. Trump »

Paris retire son ambassadeur : l’énorme colère de la France contre Biden : « Ça me rappelle M. Trump »

Il n’y a jamais rien eu de tel : parce que les États-Unis ont interféré dans un accord sous-marin lucratif entre la France et l’Australie, Paris a retiré ses ambassadeurs. Le différend porte sur beaucoup d’argent, mais aussi sur des intérêts dans la région du Pacifique. Dans leur colère, les Français font même une comparaison peu flatteuse pour le président américain Biden.

En colère contre l’échec de l’accord sur les sous-marins avec l’Australie, la France a rappelé ses ambassadeurs de Washington et de Canberra pour des consultations. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré vendredi que cette décision « extraordinaire » faisait suite aux annonces « extrêmement graves » faites par les gouvernements de Washington et de Canberra. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie avaient précédemment annoncé une nouvelle alliance de sécurité pour l’Indo-Pacifique, ce qui a conduit l’Australie à briser un accord de plusieurs milliards de dollars sur les sous-marins avec la France. C’est la première fois dans l’histoire des relations franco-américaines que Paris rappelle son ambassadeur de Washington. Une réception prévue vendredi à la résidence de l’ambassadeur de France à Washington avait déjà été annulée en signe de protestation.

Dans le différend sous-marin, le chef de l’État français Emmanuel Macron et le président américain Joe Biden ont désormais convenu de « consultations approfondies ». Ceci est destiné à assurer la « confiance » entre les deux pays, ont annoncé mercredi Paris et Washington dans un communiqué conjoint après un appel téléphonique des présidents. Par ailleurs, l’ambassadeur de France rappelé aux Etats-Unis sera de retour à Washington la semaine prochaine.

« Je suis bouleversé et amer »

Les Français essaient de ne pas cacher leur colère dans un premier temps. « Cette décision brutale, unilatérale et imprévisible me rappelle beaucoup ce que M. Trump avait fait », a déclaré Le Drian sur la radio française « Franceinfo » à propos du président américain sortant Joe Biden et de son prédécesseur. « Je suis en colère et amer. Tu ne fais pas ça entre partenaires. »

Compte tenu des efforts d’expansion de la Chine dans la région économiquement importante de l’Indo-Pacifique, Washington, Londres et Canberra ont annoncé mercredi leur nouvelle alliance. Il prévoit entre autres que l’Australie bénéficie de la technologie américaine dans la construction de sous-marins à propulsion nucléaire et d’un savoir-faire en matière de cyberdéfense. Les États-Unis veulent également étendre leur présence militaire en Australie.

Peu de temps après l’annonce de l’accord, Canberra avait annulé l’accord de plusieurs milliards de dollars sur les sous-marins avec la France. Le contrat de livraison de douze sous-marins français à moteur diesel s’élevait à 31 milliards d’euros lors de sa signature en 2016. On parlait souvent d’un « traité du siècle ». L’accord sur les sous-marins aurait été l’une des plus importantes ventes d’armes individuelles de l’histoire.

Le swing de l’Amérique vers l’Asie

Mais ce n’est pas seulement à cause de l’argent que les Parisiens sont en colère contre les USA et l’Australie. La France, présente dans la région avec des ex-colonies (Cambodge, Vietnam) et des territoires d’outre-mer (Tahiti, Nouvelle-Calédonie), se considère toujours comme une puissance du Pacifique. La rupture de la coopération avec l’Australie sape cette affirmation.

Mais les États-Unis, sur la côte ouest desquels se termine le Pacifique, ont mis de plus en plus l’accent sur la région ces dernières années. Le président Barack Obama, sous lequel Biden a été vice-président de 2009 à 2017, avait déjà établi la doctrine de politique étrangère du « pan to Asia ». Biden avait justifié le récent retrait de l’armée américaine d’Afghanistan par le fait que les États-Unis devraient fixer d’autres priorités.

Le « calcul brutal » de Biden

La Chine poursuit depuis longtemps une stratégie agressive dans l’Indo-Pacifique qui inquiète nombre de pays voisins. Cela implique des revendications territoriales dans la mer de Chine méridionale, par laquelle passent d’importantes routes commerciales maritimes. Depuis 2018, les conflits dans les relations commerciales entre Pékin et Canberra notamment ne cessent de s’intensifier. La Chine a récemment imposé des sanctions sévères à de nombreux produits australiens.

« Cela en dit long sur la façon dont Washington veille à ses intérêts dans le Pacifique qu’il n’y a pas eu de torsion de main pour mettre les Français en colère », a déclaré Theodor Fontaine, chef du groupe de réflexion sur la politique étrangère Center for a New American Security. der « New York Times ». Le journal lui-même juge que la décision de Biden était « le résultat d’un calcul brutal » – parfois un allié est considéré comme plus important que l’autre.

Les Australiens n’ont pas dit un mot fin août

En effet, Américains et Australiens ne prêtaient guère attention à ce qui se passait à Paris. Les médias français ont rapporté que le président français Emmanuel Macron n’a eu connaissance de l’accord sur les sous-marins que quelques heures avant son annonce officielle à la Maison Blanche. Lorsque le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a effectué une visite d’État à Paris le 25 juin, il n’a fait aucune mention de l’accord. Et le 30 août, les ministres de la défense et des affaires étrangères de la France et de l’Australie se sont réunis pour leur « consultation » annuelle. Les deux parties ont une fois de plus souligné l’importance du programme conjoint de sous-marins, a-t-il indiqué dans le communiqué de presse final.

Mais du point de vue de l’Australie et des États-Unis, il y a aussi de bonnes raisons d’abandonner à brève échéance l’accord avec la France. Selon les médias australiens, Canberra ne dispose actuellement que de quatre sous-marins fonctionnels. Mais les douze spécimens qui devaient venir de France, contrairement aux spécimens américains, n’auraient pas été des sous-marins nucléaires. Les modèles diesel des Français étaient également plus bruyants, plus faciles à découvrir et bientôt obsolètes, ont cité les médias américains des cercles gouvernementaux. De plus, les Britanniques et les Américains ont convenu de partager leur savoir-faire technique avec les Australiens.

Alors bien sûr, les Français sont aussi en colère contre l’Australie. A Paris, on disait que la fiabilité de l’Australie était désormais discutable. Le secrétaire d’Etat européen Clément Beaune a déclaré, évoquant les négociations commerciales entre l’UE et l’Australie, qu’il ne voyait pas « comment faire confiance au partenaire australien ».

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flr / avec l’AFP