Mauvaises pratiques d’emploi, a statué l’avocat général dans un avis à la Cour suprême. KLM aurait dû avertir les pilotes en 2012 d’une modification de la convention fiscale. En général, l’avis de l’avocat général est adopté par le conseil. Si cela se produit, la compagnie aérienne devra probablement compenser tout ou partie de la charge financière supportée par les pilotes.
L’affaire sera ensuite renvoyée devant le tribunal, qui devra alors se prononcer à nouveau sur une affaire qui dure depuis 2019, mais qui n’avait pas été rendue publique auparavant.
Pas de taxe aux Pays-Bas
Deux pilotes de KLM ont déposé une plainte en mars 2019 et souhaitent que KLM paie leur facture fiscale exorbitante. Il s’agit de Suisses qui ont quitté un poste de pilote cargo luxembourgeois en 1991, où ils gagnaient à l’époque 6’000 francs suisses par mois. KLM a rappelé aux pilotes que leurs salaires chez KLM seraient exonérés d’impôt aux Pays-Bas. KLM n’a pas retenu les charges sociales : les Suisses paieraient l’impôt sur le revenu en Suisse, où ils continueraient à vivre.
Cela signifiait que les pilotes ne payaient pas d’impôt sur le revenu sur leur salaire brut gagné aux Pays-Bas, qui pouvait à l’époque s’élever à 60 pour cent. Au lieu de cela, ils ont payé en Suisse, où le fisc prélevait beaucoup moins d’impôts.
C’est précisément cette baisse de la pression fiscale pour les pilotes vivant à l’étranger qui est politiquement sensible aux Pays-Bas, puisque KLM a été maintenue à flot grâce à des milliards d’euros provenant de l’argent des contribuables néerlandais pendant la crise du coronavirus.
KLM négligent
Pendant des années, il n’y a eu aucun problème. Mais en 2012, la convention fiscale entre les Pays-Bas et la Suisse a changé. En conséquence, les pilotes sont devenus redevables de payer des impôts aux Pays-Bas. KLM a donc dû retenir des charges sociales et les pilotes ont dû à partir de ce moment déposer une déclaration de revenus aux Pays-Bas.
Mais KLM n’a pas retenu ces charges sociales et les pilotes ont continué à payer l’impôt sur le revenu en Suisse. KLM n’a pas informé les Suisses qu’une nouvelle convention fiscale était en vigueur, ce qui signifiait qu’ils ne devaient plus payer d’impôt sur le revenu en Suisse, mais aux Pays-Bas.
1,6 million d’impôts supplémentaires
Ils ne l’ont découvert qu’en 2017 et 2018, lorsque le fisc néerlandais leur a imposé des cotisations supplémentaires en matière d’impôt sur le revenu et de cotisations de sécurité sociale pour les années 2012 à 2015 et a annoncé des cotisations pour 2016 et 2017.
Y compris les amendes, les pilotes ont dû payer 600 000 1,1 millions d’euros au fisc. Des sommes qui, selon eux, leur ont causé des problèmes financiers.
Le juge est d’accord avec les pilotes
Le tribunal d’Amsterdam a jugé en octobre 2020 que KLM était responsable à moitié du préjudice subi, car KLM est un grand employeur professionnel avec son propre service fiscal et de nombreux salariés résidant à l’étranger.
KLM aurait donc dû être au courant du changement de traité et des conséquences financières majeures pour les pilotes concernés. Selon le juge, on aurait pu s’attendre à ce que KLM ait attiré l’attention des pilotes sur le changement de sa propre initiative, afin qu’ils puissent, le cas échéant, en évaluer eux-mêmes les conséquences.
Initialement, KLM a fait valoir qu’elle n’était au courant de la modification du traité qu’en 2017 et qu’elle n’aurait donc même pas pu en informer les pilotes. Mais au cours de l’affaire, il est vite apparu que c’était inexact.
KLM estime également que le lieu de résidence et les obligations fiscales des salariés sont une question privée avec laquelle elle n’a rien à voir.
Ce n’est pas une affaire privée
KLM a fait appel et le tribunal d’Amsterdam a jugé que KLM n’était pas solidairement responsable de la situation survenue. Mais en cassation, si l’on fait appel d’un arrêt du tribunal, l’avocat général arrive désormais à la conclusion que l’arrêt du tribunal ne peut pas être maintenu, car KLM aurait dû avertir les pilotes.
« La question si taxe sur les salaires « Ce n’est pas une affaire privée, mais une question qui préoccupe particulièrement KLM, car elle est obligée de retenir les charges sociales », écrit l’AG.
Incompréhensible
KLM doit donc être consciente de ce type de modifications des traités et elle l’a été, conclut le conseiller à la Cour suprême. Ensuite, « il découle des normes de bonne employeur qu’il avertit les salariés concernés ou les informe du changement », écrit l’AG.
Le fait que le tribunal ait jugé que KLM ne peut pas suivre la situation fiscale dans de très nombreux pays est donc « incompréhensible » pour l’AG.
Un porte-parole de KLM a déclaré qu’elle ne commentait pas de manière substantielle les affaires portées devant les tribunaux.