Même s'il dispose de toute la technologie moderne et des points de mesure du Vlaamse Waterweg, le major et directeur des plans d'urgence des pompiers Serge Vander Ougstraete préfère néanmoins se fier à ce qu'il peut constater par lui-même en se suspendant au garde-corps de l'écluse d'Astene : le compteur antique qui lui indique qu'il reste encore 17 centimètres de marge.
À cette écluse, pour la première fois depuis vingt ans, l'eau déborde des berges et se jette directement dans un ancien bras de la Lys. «Il y a vingt ans, les pompiers ont construit ici un barrage pour sauver une maison», raconte le bourgmestre Jan Vermeulen (CD&V). « La ville l'a acheté et l'a fait démolir. » De ce fait, une superficie de 300 hectares peut désormais servir de zone inondable. Il protège Deinze et les communes voisines.
Pas de maisons évacuées ici comme à Grammont, où sept maisons ont été évacuées. Ici et là une rue, un jardin ou une cave est inondé. Mais cela ne va pas plus loin qu’une piste cyclable pour l’instant barricadée. A Gand, une section du périphérique autour de la ville doit être fermée. La salle de sport de Drongen se prépare également à une éventuelle évacuation.
Vacances
Vander Ougstraete et Vermeulen sont rentrés de vacances plus tôt. Les deux hommes ont appris mardi soir les dernières prédictions selon lesquelles plus d'un millier de maisons pourraient être menacées par la montée des eaux, y compris la leur.
Les deux ont passé une courte nuit. Dans la soirée, un SMS a été envoyé aux habitants des habitations menacées pour leur indiquer qu'ils peuvent demander des sacs de sable. Le service technique de la municipalité a travaillé nuit et matinée pour le remplir et le livrer aux endroits les plus critiques. Après une première communication avec les citoyens et la mise en place d'un numéro d'urgence municipal, ils repartent.
La question est de savoir quel répit Deinze a encore. Une fois la zone inondable saturée, la ville sera confrontée à des problèmes. Sur la route vers la sous-commune de Merendree, les prévisions météorologiques indiquent à Vermeulen et Vander Ougstraete que le sud-est de la Flandre et le nord de la France peuvent encore s'attendre à de la pluie. Les deux soupirent. S'ensuit un appel téléphonique de la caserne des pompiers de Gand. Selon les dernières prévisions, le niveau de l'eau augmentera au maximum d'un demi-mètre à Deinze. « Cela nous donne une zone tampon de 10 centimètres », explique Vander Ougstraete. « Ce n'est pas grand-chose. Nous restons attentifs aux points critiques. »
Caserne des frites
L'un de ces points est Merendree, où la Veldestraat est inondée. L'eau vient s'écraser contre la façade de Dirk Van Holsbeke. Mardi soir vers 23 heures, lui et ses voisins ont appelé le numéro d'urgence 1722 pour demander des sacs de sable. «Ils ont répondu qu'un ticket avait été créé», grogne Van Holsbeke. Ce n'est que lorsque le quartier met la main sur un homme politique local que les services d'urgence arrivent avec des sacs de sable. Ceux-ci empêchent l'eau d'entrer dans les rez-de-chaussée, les caves sont inondées et les toilettes ne coulent plus.
A midi, les clapets anti-retour du canal de Schipdonk semblent également bouchés. Une pompe réquisitionnée par la province offre un soulagement. Bien que les résidents locaux retiennent leur souffle. « Le pire est encore à venir », estime Dennis Freni (43 ans). « S’il arrête de pleuvoir, nous ne pouvons pas pousser un soupir de soulagement. Il faudra ensuite attendre de voir quelle quantité d’eau vient du nord de la France via la Lys.»
Les habitants parlent au maire des zones désormais vacantes. Il s'avère qu'un promoteur immobilier a reçu un permis pour l'un de ces sites afin de le subdiviser. Agaçant, admet Vermeulen. Les sites n'étaient pas marqués comme zone inondable sur les derniers plans. « Nous attendons maintenant le recours à la députation permanente », dit-il.
« C'est bien d'y aller pour ce genre de choses », dit Vermeulen ensuite dans la voiture. Il est interrompu par un téléphone de Gand. Le bourgmestre Mathias De Clercq (Open Vld) suit de près la situation à Deinze. Vander Ougstraete fait également des allers-retours avec la caserne de Gand. Une discussion s’ensuit. «Dans ces moments-là, on remarque que la caserne principale de Gand a tendance à attirer du personnel et du matériel, ce qui signifie que nous risquons d'avoir un problème», explique Vermeulen.
Entre un contrôle rapide à la caserne des pompiers de Nevele – tout est calme – et au service technique – il y a 800 sacs de sable prêts – plus tard, les deux trouvent le temps de manger un morceau dans la Frietkazerne. En mangeant, ils regardent le niveau de la Lys. « Merde, encore un centimètre plus haut », soupire Vander Ougstraete.
Ils reviennent au centre, où Vermeulen participe à une réunion de crise avec la province. Cela lui confirme ce qu'il peut voir à l'œil nu depuis sa salle du conseil : la Lys est désormais plus élevée qu'elle ne l'a jamais été. « Voyez-vous ces poteaux bleus sous le pont? » il dit. « Ce matin, on voyait encore la peinture blanche en dessous. Pas plus. C'est vraiment critique. Demain soir sera crucial.
Dans la soirée, les dernières prévisions de Vander Ougstraete indiquent que la zone inondable devrait faire son travail. « Suis-je en paix maintenant ? Je ne le serai pas tant que l'eau ne se sera pas retirée », dit-il. « Même si je crains que nous soyons confrontés à un hiver pluvieux. »
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