Paris Le scandale des valeurs manipulées des gaz d’échappement des véhicules diesel rattrape Volkswagen en France : après des années d’enquête, la justice française a ouvert une enquête contre le constructeur automobile, comme il est devenu connu mercredi. C’est l’étape préliminaire à un éventuel processus. Le constructeur français Renault fait également l’objet d’une enquête pour utilisation présumée de logiciels frauduleux.
Volkswagen doit faire une caution de dix millions d’euros. Par ailleurs, une garantie bancaire de 60 millions d’euros est due pour couvrir d’éventuelles pénalités et demandes de dommages et intérêts. Chez Renault, la caution est de 20 millions d’euros et la garantie bancaire est également de 60 millions d’euros.
Le groupe a rejeté les allégations mercredi. Les consommateurs français n’avaient « subi aucun dommage éligible à une indemnisation dans le cadre de l’achat d’un véhicule VW », a précisé Volkswagen. La société examine toutes les voies d’action disponibles pour contester la décision.
Renault a également nié tout acte répréhensible. Le constructeur, basé à Boulogne-Billancourt près de Paris, a déclaré n’avoir installé aucun logiciel de manipulation dans ses véhicules. L’entreprise « s’est toujours conformée à la réglementation française et européenne ».
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En 2015, Volkswagen a admis avoir installé un logiciel pour manipuler les émissions d’échappement dans onze millions de voitures diesel dans le monde. Un dispositif d’arrêt a assuré que les émissions d’oxydes d’azote lors du test d’homologation par les autorités étaient inférieures à celles en fonctionnement réel sur route.
Le scandale a jusqu’à présent coûté à l’entreprise basée à Wolfsburg plus de 30 milliards d’euros en amendes et indemnisations ainsi qu’en rénovation. La majeure partie était aux États-Unis, où l’affaire a commencé il y a près de six ans. En Allemagne, le parquet de Brunswick a infligé une amende d’un milliard d’euros en juin 2018.
Après que le scandale du diesel a été connu, la justice française a ouvert des enquêtes préliminaires contre Volkswagen et Renault. Les enquêteurs ont également visé les constructeurs automobiles PSA et Fiat-Chrysler, qui font partie du groupe Stellantis depuis le début de l’année.
Renault prend ses distances avec Volkswagen
Au moins chez VW et Renault, la justice française voit désormais suffisamment de preuves d’inconduite pour ouvrir une enquête formelle. Les deux sociétés sont accusées de fraudes portant sur les propriétés essentielles d’un produit, ayant entraîné un « risque pour la santé humaine ou animale ».
Les enquêtes préliminaires ont apparemment traîné en longueur parce que les enquêteurs voulaient attendre une décision de la Cour de justice européenne. En décembre dernier, les juges luxembourgeois ont statué dans une affaire impliquant des moteurs diesel VW qu’un logiciel permettant de manipuler les valeurs des gaz d’échappement lors des tests d’homologation était illégal.
Dans le présent litige, Volkswagen estime que les milliards d’amendes en Allemagne signifient que les procédures dans d’autres pays européens ne sont plus applicables. Des inculpations en France sur des chefs d’accusation identiques entraîneraient une double peine pour la même infraction.
Renault, quant à lui, a tenté de prendre ses distances avec Volkswagen. « Ce que l’on sait de l’affaire VW ne s’applique pas du tout à Renault », a déclaré mardi l’ingénieur en chef Gilles Le Borgne. « Nous avons et n’avons pas eu de dispositifs de défaite dans nos voitures. »
Les allégations portées contre le constructeur automobile concernent des modèles des années 2009 à 2017. Fin 2016, des études avaient montré que dans certains véhicules diesel Renault, il peut y avoir une différence allant jusqu’à 377% entre les valeurs de gaz d’échappement mesurées au cours de la test d’immatriculation et conduite sur route.
Renault a également livré à Daimler des moteurs diesel soupçonnés d’être falsifiés. Cependant, les Français ont toujours nié toute implication dans des pratiques illégales.
Selon les médias, les enquêteurs se sont également rendus au Liban fin mai pour interroger l’ancien patron de Renault, Carlos Ghosn, qui y habite, sur l’utilisation présumée de logiciels de manipulation comme témoin.
Suite: Richter dans le processus des investisseurs bouleverse l’argumentation de VW
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