L’Union européenne souhaite que les messages privés de tous les utilisateurs de Facebook, Google et Cie soient automatiquement filtrés. La raison invoquée est la protection des enfants. Les critiques mettent en garde contre les conséquences pour les citoyens.
Dans la lutte contre les photos et vidéos d’enfants maltraités sur Internet, le Parlement européen a approuvé un dispositif transitoire. L’accord, confirmé mardi à Strasbourg, vise à permettre aux fournisseurs de scanner à nouveau les messages privés à la recherche de matériel pédopornographique.
Depuis que le nouveau code de l’UE pour les communications électroniques est entré en vigueur le 21 décembre, le filtrage des messages envoyés via les services de courrier et de messagerie n’est en fait plus autorisé.
Que doit-il se passer exactement
Avec la nouvelle réglementation transitoire, cependant, les fournisseurs de services de chat et de messagerie tels que Facebook, Google ou Microsoft sont autorisés à analyser les messages privés non cryptés de tous les utilisateurs pour détecter la maltraitance des enfants. Ce type de contrôle est censé être volontaire et automatisé à l’aide de « l’intelligence artificielle ».
Si un algorithme découvre un contenu suspect, les messages et coordonnées sont transmis à la police par les sociétés concernées.
Les États de l’UE et le Parlement européen s’étaient provisoirement mis d’accord sur la solution intérimaire en avril. Elle devrait s’appliquer jusqu’à trois ans et permettre également de traquer le toilettage, c’est-à-dire l’approche des adultes aux enfants en ligne.
« Abolition du secret numérique des lettres »
Il y avait des critiques de divers côtés. Le Contrôleur européen de la protection des données a déclaré à propos du projet en novembre 2020 : « La confidentialité des communications est une pierre angulaire du droit fondamental au respect de la vie privée et familiale. Même les mesures volontaires des entreprises privées empiètent sur ces droits si les mesures incluent un contrôle et une analyse. du contenu la communication et le traitement des données personnelles.
Patrick Breyer du Parti Pirate met en garde de son côté contre une surveillance massive de « l’abolition du secret numérique des lettres ». Selon Breyer, il existe un risque que les utilisateurs soient suspectés d’être innocents. « Les filtres de reconnaissance d’image sont connus pour fonctionner sur des photos de vacances tout à fait légales avec des enfants sur la plage », écrit Breyer sur son site Web. En conséquence, les photos et messages privés se retrouvent entre les mains d’inconnus. « Même des photos intimes de vous nu seront alors vues par des inconnus du monde entier, entre les mains desquels ils ne sont pas en sécurité », explique Breyer.
Breyer avertit également que la communication cryptée est en danger car le logiciel ne peut pas analyser une telle communication. Il a déjà été démontré par le passé que les pays de l’UE veulent contourner le cryptage des messageries telles que WhatsApp ou Signal. Plus à ce sujet lire ici.
Le Parlement européen a également fait part de certaines préoccupations concernant la législation sur la protection des données lors des négociations sur le règlement transitoire actuel. La journaliste Birgit Sippel du SPD a répété lundi lors du débat en plénière que la protection des données n’est pas une protection contre les auteurs, mais la base de la démocratie. La confidentialité des communications doit également être protégée dans l’intérêt des enfants. Elle a qualifié l’accord de solution provisoire viable.
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