Un homme de 44 ans a été condamné vendredi à quatre semaines de prison. Le 16 novembre 2019, il a traversé la frontière néerlandaise depuis la Belgique avec près de 15 000 euros en liquide dans sa voiture et a été arrêté dans le Limbourg. Mais était-ce bien ? Et surtout : pourquoi lui et son copilote ont-ils été arrêtés ?
C’est surtout cette dernière question avec laquelle les hommes se débattent depuis deux ans.
Accueil chaleureux
Le jour où Mo envoie sa Volkswagen rapide à la frontière néerlandaise, notre pays accueille également un autre homme de l’extérieur des frontières du pays. La journée est consacrée à l’arrivée de Sinterklaas. Aussi chaleureux que l’ami des enfants qui est accueilli le samedi, l’accueil auquel Mo et son copilote Brahim (39 ans) conduisent est aussi froid.
Destin frustrant
Aux Pays-Bas, le duo est reçu ce jour-là par la Maréchaussée royale des Pays-Bas. Un contrôle standard, dit la police militaire. « Pourquoi? » Mo veut savoir. Il n’accélérait pas, n’avait pas bu, n’avait pas consommé de drogue. Il exprimera plus tard ses soupçons : il a été choisi en raison de son apparence en combinaison avec la voiture qu’il conduit. Quelque chose contre quoi la Marechaussee se bat.
Selon ses propres termes, Mo est presque toujours arrêté lorsqu’il franchit la frontière. Le sort frustrant d’un Marocain dans une Volkswagen, explique-t-il aux policiers et aux avocats. Le copilote Brahim est algérien et a vécu des expériences similaires.
Permis de résidence
Retour au contrôle. Les officiels de la Marechaussee demandent des papiers au duo. Brahim remet un permis de résidence, un titre de séjour français pour immigrés. Les Maréchaussées pensent que ce n’est pas suffisant. Ils décident de fouiller la voiture et trouvent sur la banquette arrière un sac plastique contenant près de 15 000 euros en liquide. Le duo est arrêté pour des soupçons de blanchiment d’argent.
Papiers valides
L’affaire du blanchiment d’argent semble alors simple. Après tout, les deux hommes n’ont aucune explication appropriée sur l’origine de la grosse somme d’argent. L’avocat Folkert de Vries mord cependant dans le dossier. Selon l’avocat, la voiture n’aurait jamais dû être fouillée. Après tout, les hommes ont des documents de voyage valides.
Le juge renvoie l’affaire à la Maréchaussée royale néerlandaise. Pourquoi la recherche a-t-elle été effectuée ? Dans une réponse, la Maréchaussée qui a effectué la perquisition a écrit que le copilote Brahim n’avait pas les bons papiers. Il n’avait que son permis de résidence spectacle. Ceci n’est valable qu’en combinaison avec un autre document d’identité.
Contrôle-cowboys
Selon l’avocat De Vries, c’est le point crucial : Brahim avait un tel document avec lui : son permis de conduire et un passeport. « Cela n’a tout simplement pas été demandé. Et si cela devient la façon de faire les choses, de ne pas demander quelque chose et donc de simplement fouiller une voiture, alors une telle Marechaussée étend beaucoup ses pouvoirs. » L’avocat parle de comportement de cow-boy et parie sur l’acquittement. A ses yeux, il n’aurait jamais dû y avoir de fouille.
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Pas de réponses
Le juge en a décidé autrement vendredi. À son avis, un permis de conduire n’est pas une pièce d’identité valide pour permis de résidence à justifier. « Une décision inimitable », estime l’avocat De Vries. « Ce qui me dérange particulièrement, c’est que le juge n’aborde pas le fait que des pièces d’identité supplémentaires n’ont pas été demandées. »
Torsion spéciale
De Vries soutient que, par conséquent, le raisonnement de la Marechaussee ne peut pas être correct. « Ils ne cherchaient pas une pièce d’identité supplémentaire de Brahim, mais de l’argent. Ce n’est pas de leur compétence. » L’affaire prend également une tournure particulière : ce n’est pas l’homme à l’origine de la perquisition, Brahim, mais le chauffeur Mo qui a été condamné. Selon le juge, il ne peut être prouvé que Brahim, en tant que copilote, était au courant du sac d’argent dans la voiture.
Mo risque donc une peine de prison. Et il le recevra le jour où la Marechaussée royale des Pays-Bas annoncera qu’elle ne s’appuiera plus sur l’ethnicité lors des contrôles. Si lui et Brahim ont été arrêtés en raison de leur apparence, ils ne le sauront probablement jamais. Leur affaire a néanmoins une queue : l’avocat De Vries a immédiatement fait appel.