Le nouvel accord militaire annoncé mercredi soir lors d’une visioconférence entre les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni s’appelle « AUKUS ». Parmi les premières initiatives envisagées, celle de fournir à l’Australie une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire, ce qui crée déjà des tensions avec la France et la Chine.
La Chine a immédiatement fait savoir qu’elle n’appréciait pas le nouvel accord et les déclarations faites à son sujet par le président américain Joe Biden, qui aurait parlé d’une manière « de faire face au 21e siècle et à ses menaces en évolution rapide ». En fait, le pacte de coopération fait partie de cette série de manœuvres qui visent, plus ou moins explicitement, à contenir l’expansion chinoise par des alliances dans la zone indo-pacifique.
Contrairement à ceux habituellement utilisés par l’Australie, les nouveaux sous-marins, obtenus grâce à la technologie des États-Unis et du Royaume-Uni, seront dotés d’un moteur propulsé par un réacteur nucléaire. C’est un type actuellement détenu par seulement six pays dans le monde – les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine et l’Inde – qui permet de parcourir de plus grandes distances en moins de temps et d’être plus difficile à tracer au radar. La marine australienne pourrait donc opérer plus facilement en mer de Chine méridionale, zone de différends territoriaux entre la Chine et d’autres pays.
L’ambassade de Chine aux États-Unis a qualifié l’accord de résultat d’une « mentalité de guerre froide et d’un parti pris idéologique ».
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, le juge au contraire « extrêmement irresponsable », étant donné que « la coopération entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie sur les sous-marins nucléaires sape gravement la paix et la stabilité régionales, intensifie la course aux armements et sape les efforts de non-prolifération des organisations internationales ».
Les sous-marins nucléaires ne sont que la première étape d’un accord qui prévoit une collaboration étroite sur d’autres questions stratégiques, telles que l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Mais cette première annonce a suffi à déterminer aussi une rupture des relations avec la France, dont le pays était historiquement approvisionné en sous-marins.
« Nous avons appris brutalement, par une déclaration du président Biden, que le contrat conclu entre la France et les Australiens ne se fera plus, et que les Etats-Unis vont proposer aux Australiens une offre nucléaire dont le contenu est inconnu. C’est quelque chose qui ne se fait pas entre alliés », a déclaré Jean-Yves Le Drian, qui en 2016 – lorsqu’il occupait le poste de ministre de la Défense – avait conclu le « contrat du siècle », garantissant à la France 56 milliards d’euros en échange de la fourniture de 12 sous-marins conventionnels, fournis par le Groupe Naval Français.
Violation du « contrat du siècle » par l’Australie : « Je suis en colère aujourd’hui, ça ne peut pas se faire entre alliés », déclare Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères
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– franceinfo (@franceinfo) 16 septembre 2021
L’actuelle ministre de la Défense, Florence Parly, demande des précisions : « Nous sommes lucides sur la manière dont les États-Unis traitent leurs alliés et partenaires. Nous étudierons toutes les pistes pour essayer de limiter au maximum les conséquences pour Naval Group », mais ajoute « Les Australiens nous disent comment ils comptent sortir des accords ».
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