BAC NORD / La monodimensionnalité qui pénalise le film de Jimenez et Diwan

Quand on lit au générique que le film a été écrit par Audrey Diwan, la réalisatrice qui a récemment a remporté le Lion d’or avec 12 semaines, avec son mari Cédric Jimenez, réalisateur, en tant que critiques nous venons déchaîner les théories de la paternité et regarder Bac Nord des marques ou marques que le réalisateur/scénariste a pu apposer dans les deux films. On en trouvera très peu, seulement peut-être le personnage enceinte de Nora, épouse d’un des protagonistes incarné par Adèle Exarchopoulos, mais l’inverse serait étrange et déplacé.

Parce que Bac Nord, arrivé sur Netflix après sa présentation hors compétition à Cannes 2021 et dans la foulée d’un beau succès à domicile, c’est un roman policier (polaire, comme les Français appellent le genre) dur et pur, inspiré d’un véritable scandale impliquant les Brigades Anti-Crime de Marseille : les personnages sont une équipe de policiers qui luttent pour lutter contre la petite délinquance en banlieue et surtout contre la drogue. Grâce aux précieuses informations d’une fille, l’équipe dirigée par Greg (Gilles Lellouche) parvient à mettre la main sur la tournée des drogues et à les retirer de la circulation, mais les méthodes utilisées vont leur causer des ennuis.

Avec la collaboration de Benjamin Charbit, Jimenez et Diwan écrivent un film qui fait une bannière de reconnaissabilité dans le genre, dès la toute première excellente séquence de poursuite et de heurt avec la réalité de la périphérie, comme s’il s’agissait d’une sorte de réponse à Les Misérables di Ladj Ly vu à travers les yeux et le cœur des policiers : peut-être incorrects, bruts, rompus avec tant de ces expériences qu’ils n’ont plus de sensibilité (ou en ont trop, comme dans le cas d’Antoine, joué par François Civil), mais jamais corrompus.

Le principal problème, du moins pour l’écrivain, de Bac Nord c’est précisément dans cette monodimensionnalité politique que peu à peu, au fil des minutes, il prend les contours de l’idéologie : le travail des policiers est dépeint, séquence après séquence, comme une pratique dans laquelle ils sont de plus en plus laissés seuls contre tous, à la merci d’une société qui ne les comprend pas mais que le metteur en scène n’a aucune envie d’écouter, se contentant d’un manichéisme utile à l’action et à la dramaturgie.

Tant que le rythme et la tension tiennent, ça va, alors, quand l’histoire passe Thriller en francais au drame carcéral, la victimisation atteint des niveaux de garde et l’épopée du policier seul contre un monde laid et mauvais devient difficile à accepter, car elle annule la complexité d’une réalité à laquelle le réalisateur veut encore s’accrocher, peut-être la réarranger.

Il ne s’agit pas seulement de points de vue ou de positions légitimes, de toute façon discutables et discutables même sur le fond, mais de la forme que ces positions donnent à l’histoire et à la mise en scène, la faisant tomber dans un lourd pathétique. , dans des choix musicaux très faciles et hors du temps, comme « La Maison du Soleil Levant » dans le final. Au-delà des textes et sous-textes politiques et de la manière d’interagir avec la réalité, Bac Nord c’est cependant un travail de divertissement décent, réalisé avec un professionnalisme de haut niveau et un sens adéquat des personnages. C’est peut-être dans cette sensibilité de genre que l’on peut trouver, si l’on voulait encore la chercher, la touche de Diwan : à l’image de ce film réalisé par son mari, même le film qu’elle a réalisé peut sembler un thriller tendu avec des nuances d’horreur.

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Marceline Desjardins

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