Le responsable de l’étude française sur les abus dans les milieux ecclésiastiques, Jean-Marc Sauvé, ne voit aucun lien de causalité entre le devoir sacerdotal d’être célibataire et les abus sexuels.
« Peut-être y avait-il cependant une idée exagérée du célibat, qui a pu favoriser et renforcer l’influence des auteurs cléricaux sur leurs victimes », a déclaré Sauvé dans un entretien au journal « Tagespost » (jeudi), faisant référence à le slogan « cléricalisme » et l’image en partie « sacrée » d’un prêtre. La théologie du prêtre en tant qu’« image du Christ » a été pervertie par des malfaiteurs.
Quel que soit le milieu, l’abus sexuel sur mineur « signifie toujours l’abus d’un rapport d’autorité et d’éducation existant », a souligné Sauve. Chaque milieu social a aussi « ses propres faiblesses et risques » ; dans le sport l’adulte a accès au corps du mineur, à l’école l’accès à l’intellect, à l’église l’accès à la conscience. « Bien plus que le célibat, cet accès à la conscience – c’est-à-dire à la partie la plus intime des personnes – explique les abus sexuels dans l’église », a déclaré l’ancien juge administratif.
Lutte contre l’exagération du prêtre
Même si le célibat en soi n’est pas un facteur de risque, la Commission Sauve en France est favorable à l’examen de la possibilité de prêtres mariés, car « cela peut combattre une exagération du prêtre », comme le dit son chef.
Selon l’étude, 80 pour cent des victimes de violences commises par des religieux en France sont des hommes – alors que dans l’ensemble de la société, 60 pour cent sont des femmes. L’étude allemande dite MHG de 2018 aboutit à un résultat similaire. Sauve explique que les prêtres ont « longtemps accès aux garçons, par exemple à travers les enfants de chœur ou dans les écoles catholiques ». Cependant, il serait naïf de croire que c’est la seule explication.
Homosexualité et abus
L’expert cite l’orientation sexuelle comme un autre facteur. S’engager dans l’homosexualité comme explication d’abus est « très sensible ». Sauve littéralement : « Autant dire qu’être hétérosexuel explique pourquoi un prêtre s’en prend à une fille. Un lien de causalité entre l’orientation sexuelle et l’agression sexuelle ne peut être prouvé.
Néanmoins, la proportion d’homosexuels parmi les auteurs est « élevée, beaucoup plus élevée que dans la population générale et aussi dans le clergé lui-même ».
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