PARIS – Dans la nuit de mercredi à jeudi, le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’en Afrique l’armée française avait tué Adnan Abu Walid Sahraoui, le chef d' »Isis dans le Grand Sahara ». « C’est un nouveau grand succès dans la lutte que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel », a écrit Macron sur Twitter. « La nation se souvient ce soir de tous ses héros morts pour la France au Sahel dans les opérations Serval et Barkhane, des familles endeuillées, de tous ses blessés. Leur sacrifice n’a pas été vain. Avec nos partenaires africains, européens et américains, nous poursuivons ce combat », a ajouté Macron.
Aux mois de juin et juillet, la France avait déjà annoncé la capture ou l’assassinat de nombreux chefs de l’État islamique au Sahel : l’État islamique au Sahara a été créé en 2015 par al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario, puis passé au mouvement djihadiste « Al-Qaïda au Maghreb islamique » (AQMI). L’homme était soupçonné par les Français d’être responsable de la plupart des attaques dans la région des « trois frontières », l’immense zone frontalière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Cette zone est la cible récurrente d’attaques de deux groupes armés djihadistes : l’« État islamique dans le Grand Sahara » et le « Groupe de soutien à l’islam musulman » (GSIM), affilié à Al-Qaïda. Isis-Sahara a mené des attaques particulièrement meurtrières, ciblant des civils et des militaires, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. En octobre 2017, il a ciblé des soldats américains lors d’une attaque meurtrière, tuant quatre soldats des forces spéciales américaines et quatre Nigérians dans une embuscade à Tongo Tongo, près du Mali, dans le sud-ouest du Niger.
Fin 2019, l’Etat islamique a ensuite mené une série d’attaques à grande échelle contre des bases militaires au Mali et au Niger. Et le 9 août 2020, au Niger, le chef de l’Etat islamique avait personnellement ordonné l’assassinat de six humanitaires français et de leurs guides et chauffeurs nigérians.
En juin, après plus de huit ans d’engagement important, Emmanuel Macron a annoncé une réduction de la présence militaire française au Sahel et la fin de l’opération anti-jihadiste « Barkhane » au profit d’un dispositif renforcé, recentré sur le contre-terrorisme et opérations de soutien. au combat pour les armées locales, avec une alliance internationale qui rassemble d’autres pays européens.
Al-Sahrawi est né à El Aaiún, au Maroc, une zone contestée du Sahara occidental, dans une riche famille de marchands qui ont fui en Algérie. Jeune homme, il a rejoint le Front Polisario, puis après avoir obtenu son diplôme en Algérie, il a rejoint l’Union de la jeunesse sahraouie en 1998. En 2010, il a rejoint une faction d’al-Qaïda au Maghreb islamique, dont il devient bientôt le porte-parole. En 2013, il s’est appelé le chef d’une organisation appelée Mujahideen Shura Council à Gao, au Mali. En 2015, il a déclaré sa loyauté à Abou Bakr al-Baghdadi. De nombreuses attaques, notamment occidentales, dans la « zone des trois frontières » lui sont attribuées, à tel point que le 4 octobre 2019, les États-Unis ont offert une prime de 5 millions de dollars à quiconque aurait fourni des informations à son sujet.