Ce n’est pas tout à fait une surprise. La descente sur le terrain, comme candidat à la présidence française des Républicains, de Michel Barnier, le dur négociateur du Brexit pour l’Union européenne, change cependant le tableau de la contestation républicaine à la présidence d’Emmanuel Macron mais aussi de l’emprise forte sur l’électorat de la souveraine Marine Le Pen. Presque au même moment, arrivait aussi la nouvelle du retrait de Laurent Wauquiez, l’ancien président du parti qui aux élections européennes avait vu son virage vers les positions radicales du Rassemblement national échouer.
Barnier : attaque sur deux fronts
Barnier attaque sur les deux fronts. Un peu peu généreux envers la France (« Le pays est mauvais », a-t-il déclaré au Figaro ; « Notre influence fait marche arrière depuis dix ans, contrairement à celle de l’Allemagne »), Barnier entend se distinguer du verticalisme (et du narcissisme) de Macron. . Si le président aime parler des « premiers membres du consortium », lui de Savoie, où il est né, répond en montagnard : « Ici, à la montagne, on sait que tout le monde est nécessaire dans un consortium. Je ne dirai jamais, de quelqu’un qui n’est rien. Je me suis fait une idée de la fonction présidentielle. Cela demande de la force, de la vision mais aussi de l’humilité ». « Le président de la République » – a-t-il ajouté – « ne peut pas tout faire seul ».
Pour contrer les chevaux de bataille de Le Pen, Barnier propose plutôt un « moratoire » sur l’immigration de trois/cinq ans : un blocage des autorisations automatiques qui permet de revoir toutes les procédures, de conclure des accords avec les pays d’origine des immigrés et avec des partenaires européens. La défense et la recherche, dont les coûts doivent être portés à 3% du PIB, et un effort international contre les terroristes également au Sahel (d’où Macron veut se désengager progressivement), enrichissent son programme.
Pécresse : entre Merkel et Thatcher
Barnier n’a pas précisé s’il participera aux primaires républicaines, qui n’ont pas encore été convoquées. Cependant, beaucoup d’autres ont déjà postulé. Le rugueux Wauquiez a pris sa retraite, mais Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France qui se veut « deux tiers Merkel et un tiers Thatcher », est prête à se soumettre au vote des adhérents. S’il était le seul candidat de la droite républicaine, il ne récolterait pourtant pas plus de 13-14%, insuffisant pour accéder au second tour.
Ciotti : le « dur » des origines italiennes
La retraite de Wauquiez donne peut-être plus de chances à Éric Ciotti, Niçois d’origine lointaine de Trévise, ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy et surtout ancien « Monsieur Sicurezza », dans l’ancien parti néo-galiliste Ump : il est très à droite, rigide sur des questions concernant la criminalité, l’immigration et l’islam.