La France a volé le sommet du Mont-Blanc : plus d’un an après la plainte pour violation des frontières nationales, « sur une base cartographique », vient la réponse du gouvernement italien : « C’était une violation des frontières et de la souveraineté nationale », mais comme l’acte d' »annexion » a été fait par les communes de Chamonix et de Saint-Gervaix, il est considéré comme une mesure « symbolique ».
Par conséquent, l’annexion motu proprio du sommet de l’Europe par deux communes françaises est non seulement réelle, mais doit être considérée comme un incident diplomatique pour lequel le ministère des Affaires étrangères, « par l’intermédiaire de l’ambassade à Paris a immédiatement procédé à la représentation formelle et ferme auprès de la Autorités françaises, la position traditionnelle italienne concernant les frontières ».
Affaire terminée et retour du sommet du Mont Blanc en terre italienne ? Certainement pas, car dans la réponse que le gouvernement italien a apportée à la question du chef de groupe des Frères d’Italie à la Chambre, Francesco Lollobrigida, l’Exécutif a expliqué que l’accord frontalier qui remonte au Traité de Turin en 1860 et qui laisse le célèbre Refuge Turin sur le sol italien, « l’Italie a adressé une note aux autorités françaises » qui ont répondu « en soulignant que la disposition concerne une zone géographique qui fait l’objet d’un différend entre la France et l’Italie depuis plusieurs décennies et qu’elles ont se sont montrés disposés à aborder la question au sein de la Commission mixte pour le maintien du tracé de la frontière ». La conclusion est une promesse qui laisse pour l’instant le Refuge de Turin aux mains des Français : « Il est assuré que le Gouvernement continuera donc à suivre la question, afin d’aboutir à une solution satisfaisante à la question dans les plus brefs délais ». La signature est le sous-secrétaire aux Affaires étrangères, Ivan Scalfarotto.
Pour ceux qui ne connaissent pas la bureaucratie, voici un résumé : le vol du siècle, c’est-à-dire celle du sommet du Mont-Blanc est parvenue au Gouvernement le 5 août 2019. La réponse interlocutoire de la diplomatie est plutôt intervenue lors de la séance du 12 octobre 2020, plus d’un an plus tard. En attendant, les malins de Chamonix récoltent l’argent de ceux qui veulent accéder au « Skyway Mont Blanc », le téléski qui relie Punta Helbronner à Chamonix. Côté italien, l’accès au glacier Gigante est empêché grâce au verrou français sur les tourniquets.
Il est vrai que la guerre ne peut être déclarée à la France pour la collecte des remontées mécaniques, mais il est tout aussi vrai que la « ruse française » ne peut s’épuiser dans un affrontement serein et interminable entre diplomatie. Autant dire que les Français ont interdit le parapente au-dessus du Mont Blanc. Logiquement, le toit de l’Europe est devenu « leur truc ».