Le parquet vient de prononcer cette peine dans la salle d’audience spéciale de Paris. Il s’agit d’une exigence dite « à vie entière », ce qui signifie qu’il ne pourrait pas être libéré plus tôt s’il est condamné.
Mouvement terroriste
Abdeslam, 32 ans, est le seul agresseur encore en vie et donc le principal suspect du procès qui a débuté il y a neuf mois. Le Français est accusé d’appartenance active à un mouvement terroriste, de meurtre, de tentative de meurtre et de prise d’otage. Au total, vingt suspects ont été inculpés. Ils ont préparé les attaques depuis la Syrie et l’Irak, organisé des transports, des armes, des abris, des faux passeports et des explosifs.
La ceinture anti-bombes ne se déclenche pas
Dans la soirée et la nuit du vendredi 13 novembre 2015, neuf assaillants ont tiré à l’arme automatique sur des personnes au hasard dans la salle de concert du Bataclan, dans et autour des cafés et restaurants, et au stade de football du Stade de France. Des grenades à main ont également été lancées. Ces neuf djihadistes se sont fait exploser avec des ceintures de bombes. L’attaque a été revendiquée par l’État islamique.
La ceinture à bombes du « dixième commando » Abdeslam a été retrouvée dans une poubelle. Une enquête technique menée par la police a révélé plus tard qu’il était défectueux. « Abdeslam lui-même affirme qu’il s’est abstenu de commettre l’attentat parce qu’il ne pouvait pas s’y résoudre », explique la correspondante de France Eveline Bijlsma. « Le parquet antiterroriste en France n’y croit pas. »
Vous regrettez encore ?
Il n’est pas surprenant que la crédibilité d’Abdeslam soit remise en question. Il a changé son histoire au cours du processus. Au début, il s’est déclaré «soldat de l’État islamique», mais en avril, il s’est soudainement excusé et a supplié toutes les victimes et leurs proches de pardonner, en pleurant.
Les enquêtes montrent qu’Abdeslam a loué deux des voitures utilisées lors des attentats et a loué des chambres d’hôtel. Ce qui ne parle pas non plus en sa faveur, c’est qu’Abdeslam s’est enfui en Belgique après les attentats de Paris. Là, quatre mois plus tard, il a été impliqué dans une fusillade à Forest, au cours de laquelle deux officiers ont été blessés et un Algérien de 35 ans, également impliqué dans les attentats de Paris, a été tué.
Abdeslam et son coaccusé Sofien Ayari ont réussi à s’échapper de Tunisie, mais ont été arrêtés trois jours plus tard lors d’une importante opération policière à Molenbeek-Saint-Jean. En avril 2018, les deux hommes ont été condamnés par le tribunal de Bruxelles à 20 ans de prison pour une tentative de meurtre terroriste sur des policiers. La Belgique extrade alors Abdeslam vers la France, où il se retrouve à la prison de haute sécurité de Fleury-Mérogis, près de Paris.
mois difficiles
Ces derniers mois ont été difficiles pour les victimes et leurs proches, dit Bijlsma. « C’est intense pour eux que tous les événements soient à nouveau évoqués d’aussi près, et qu’ils revivent tout. Beaucoup d’intéressés espèrent tourner une page dès que la condamnation sera là, même s’il y aura probablement un appel. »
Le verdict du procès est attendu le mercredi 29 juin. Il y a de fortes chances qu’Abdeslam fasse appel après ce verdict.
Qui est Salah Abdeslam ?
Salah Abdeslam est né le 15 septembre 1989 à Bruxelles, la capitale belge. Ses parents sont des immigrés venus du Maroc en Belgique dans les années 1960. Parce qu’ils vivaient auparavant en Algérie et y ont obtenu la nationalité française, leur fils Salah a également la nationalité française.
Pendant son enfance, la famille a vécu dans une maison en location sociale dans un quartier multiculturel de l’arrondissement bruxellois de Molenbeek-Saint-Jean. Selon des amis, Salah n’était pas une star à l’école et aimait surtout le football et les sorties, écrit la chaîne d’information française France24 en 2016. Son premier emploi était comme mécanicien aux chemins de fer belges. Là, il était souvent en retard ou absent et a finalement été renvoyé. Plus tard, Abdeslam travaille dans un bar connu pour ses bagarres et sa consommation de drogue.
Par l’intermédiaire de son frère aîné (et plus tard bombardier parisien) Brahim, Salah est impliqué dans des délits mineurs : vol, trafic de drogue et fraude. En 2010, il a été emprisonné pendant un certain temps avec Abdelhamid Abaaoud, qui serait le cerveau des attentats de Paris et a été abattu lors d’une descente de police ultérieure. En 2014, Abaaoud se rend en Syrie où il rejoint l’EI. Selon son ex-petite amie, Salah s’est également radicalisé durant cette période.