La police l'a signalé après Le Parool avait annoncé en début d'après-midi qu'Exclus Messenger avait été abattu. Les suspects arrêtés sont à la fois des utilisateurs criminels et des propriétaires et administrateurs du service.
La police judiciaire nationale avait déjà ouvert une enquête sur les propriétaires et gérants d'Exclus sous le nom de code 26Samber en septembre 2020. Une deuxième enquête, 26Lytham, s'est concentrée à partir du 28 avril 2022 sur « les utilisateurs d'Exclus soupçonnés d'avoir commis des délits dans un contexte organisé », a rapporté la police.
Les prestataires sont soupçonnés de « faciliter » d'autres criminels en tant qu'organisation criminelle.
L'équipe de lutte contre la criminalité de haute technologie de la Direction nationale des enquêtes criminelles a joué un rôle de premier plan dans les enquêtes et a travaillé de manière intensive avec d'autres services de l'Unité nationale, plusieurs unités régionales de la police, le Fiod et la Direction nationale des enquêtes criminelles. Eurojust et Europol se sont également joints aux recherches, tout comme les services d'enquête d'Italie, de Suède et de France.
Le Landeskriminalamt allemand (LKA) Rheinland-Pfalz avait également ouvert une enquête sur Exclu en juin 2020 et travaillait avec les Pays-Bas.
Démonté vendredi
Le service Exclu a d'abord été piraté notamment par des cyberspécialistes néerlandais, mis sur écoute pendant cinq mois et démantelé vendredi. La police a également eu recours à des méthodes d’enquête traditionnelles, principalement pour identifier les utilisateurs de l’application.
Comme pour les précédents serveurs démantelés comme Ennetcom, PGP Safe, EncroChat et SkyECC, les utilisateurs s'envoyaient secrètement des messages cryptés, dans le but de rester hors de vue de la police et de la justice.
L'application pourrait être installée sur les smartphones puis activée avec une licence de 800 euros pour six mois d'utilisation. En plus des messages, des photos, des notes, des mémos vocaux, des conversations de chat et des vidéos pourraient également être échangés via Exclu. Exclu a été vanté par les propriétaires et les gestionnaires pour son « haut degré de sécurité » et comptait environ 3 000 utilisateurs, dont 750 néerlandophones.
Privilège juridique
La police indique que les avocats, notaires, médecins, membres du clergé et autres personnes pouvant se prévaloir de leur droit de non-divulgation peuvent le signaler via secrethouders@OM.nl. S’il est établi qu’il s’agit bien de détenteurs de secrets, la police s’engage à supprimer leurs données.
En 2016, les serveurs canadiens du fournisseur néerlandais Ennetcom ont été les premiers à être saisis. Dans les années qui suivirent, suivirent PGP Safe (Costa Rica), EncroChat (France) et SkyEcc (France), également gérés par les Néerlandais. En juin 2021, il a été annoncé que les services d'enquête américains avaient acquis le fournisseur An0m, afin de pouvoir effectuer une lecture en direct. Cette opération a également fourni des preuves dans plusieurs affaires pénales.
Preuve juridique
Les avocats luttent depuis des années contre ce qu'ils considèrent comme la saisie illégale de certains serveurs, mais ils sont toujours vaincus par les cours et tribunaux, qui considèrent les messages comme des preuves légales.
Outre les preuves dans les affaires pénales, les données des serveurs saisis fournissent désormais aux services d'enquête de nombreuses nouvelles informations sur le fonctionnement de la pègre. Publie vendredi Le Parool un entretien avec le procureur général adjoint Janneke de Smet dans lequel elle explique comment la richesse des données PGP offre une nouvelle approche du crime organisé.
« L'objectif est de réellement briser les structures du pouvoir criminel »
L’interception massive de messages criminels entraîne une révolution dans les enquêtes. Janneke de Smet-Dierckx, procureur général adjoint: « En interrompant le flux d'argent des criminels, nous sommes bien plus efficaces qu'en leur enlevant de l'argent. » Lisez l'interview ici.
Écoutez également le podcast Parool Crime