Il a peut-être 80 ans cette année, mais il est loin d’être à la retraite. En fait, si Nelson Peltz relève d’une entreprise, il faut être prudent dans la salle de réunion. Et maintenant, c’est au tour du PDG d’Unilever, Alan Jope.
Il a été annoncé ce week-end que le milliardaire Peltz, l’un des investisseurs activistes les plus connus de Wall Street, aurait pris une participation dans Unilever avec son fonds spéculatif Trian Fund Management. L’ampleur de cet intérêt n’est pas claire.
Cela signifie : encore plus de pression publique sur Jope, qui était déjà sous le feu des projecteurs après l’offre ratée de pas moins de 50 milliards de livres (60 milliards d’euros) pour la branche grand public de GlaxoSmithKline (GSK). Peltz s’est bâti la réputation de secouer les entreprises qui, selon lui, ne fonctionnent pas bien, du conglomérat industriel General Electric (GE) au fabricant de ketchup Heinz. La stratégie appliquée est souvent : rationaliser, réduire les coûts et éventuellement découper.
Quand il le juge nécessaire, Peltz se bat avec acharnement. Notorious est la bataille pour la société alimentaire américaine Procter & Gamble (P&G), fabricant des serviettes hygiéniques Always, des couches Pampers et des rasoirs Gillette. En 2017, Trian a pris une participation dans P&G, qui selon Peltz a soupiré sous « les coûts et la bureaucratie excessifs ».
Lui-même voulait – contre la volonté de P&G – devenir directeur de surveillance. Une bataille sans précédent pour le vote des actionnaires s’en est suivie, avec des dizaines de millions dépensés, y compris des vidéos Facebook. Peltz vient de gagner, comme il s’est avéré après un recomptage, avec une différence de 0,0016 %.
Lorsqu’il a quitté son poste de commissaire l’année dernière, le PDG David Tayler l’a remercié pour son « expertise » et son « aide ». En trois ans, le cours de l’action P&G a presque doublé.
La stratégie est souvent : rationaliser, réduire les coûts et éventuellement réduire
Nelson Peltz (1942) est né à New York et, dans la vingtaine, a fait ses premiers pas dans le commerce chez le grossiste en alimentation fondé par son grand-père. Avec son frère, il a développé la petite entreprise en une société cotée en bourse. Il a ensuite lancé un modeste fonds d’investissement à l’époque.
Bien que Peltz ait investi dans toutes sortes d’entreprises – outre GE, le groupe chimique DuPont et le bijoutier Tiffany & Co – le secteur alimentaire est toujours resté un fil conducteur. L’un de ses plus grands succès reste la marque américaine de jus Snapple. Il l’a acheté en 1997, avec son partenaire commercial Peter May, plus tard co-fondateur de Trian en 2005. En 2000, ils ont revendu Snapple à PepsiCo (Pepsi, Sisi, Doritos) pour un énorme 1,45 milliard de dollars, cinq fois le montant qu’ils ont payé. pour ça.
En 2013, son chemin recroise celui de PepsiCo. Avec Trian, il s’intéresse à l’entreprise. Mais Peltz n’obtient pas toujours ce qu’il veut : ses tentatives pour obtenir le sommet pour vendre la division des collations échouent.
Ces dernières années, Trian a également acheté (et vendu) des participations dans Kraft Foods, Domino’s Pizza et le susmentionné Heinz, mais aussi le français Danone et le britannique Cadbury. Toutes les entreprises qui, selon Peltz, n’étaient pas à leur apogée à cette époque.
A cet égard, Unilever (50,7 milliards de chiffre d’affaires en 2020) n’est finalement pas un choix si surprenant : l’entreprise agroalimentaire est malade. Le parcours est plus ou moins le même depuis des années et les critiques se multiplient. Plus tôt ce mois-ci, le PDG Jope a également obtenu l’actionnaire concerné Terry Smith, fondateur de Fundsmith, après lui. Il a accusé le dirigeant de l’entreprise d’être « obsédé » par le développement durable et de négliger les « fondements des opérations commerciales ».
Une semaine plus tard, la nouvelle de l’échec du rachat de l’activité grand public de GSK, qui a été très mal accueillie en bourse, est arrivée. Incidemment, Peltz avait déjà commencé à acheter des actions Unilever avant cette date, a écrit Le New York Times cette semaine.
Que peut Unilever attendre de Peltz ? En tout cas, son implication a déjà relancé une vieille discussion : celle sur l’éventuelle cession de la branche agro-alimentaire (Magnum, Knorr, Calvé). Certains critiques pensent qu’Unilever serait mieux loti avec seulement les divisions des produits de soins (comme le gel douche Dove) et des produits de nettoyage et de lessive (Cif, Omo). Peltz a été un partisan de ce type de mesures dans le passé, comme avec PepsiCo.
Il n’a pas encore commenté publiquement la nouvelle. Mais les investisseurs réagissent déjà avec enthousiasme : le prix a bondi d’environ 7 % lundi.
Une version de cet article est également parue dans NRC le matin du 25 janvier 2022