nous n’avons demandé à personne de dialoguer

Le gouvernement affirme avoir appris « par la presse » l’ouverture de négociations avec des chefs djihadistes

mali maiga

Le gouvernement de transition du Mali n’a chargé ni le Haut Conseil islamique (ICI) ni d’autres organes d’engager un dialogue avec des groupes terroristes liés à Al-Quaïda. « Le gouvernement informe l’opinion publique nationale et internationale qu’à ce jour aucune organisation nationale ou internationale n’a été officiellement désignée pour mener à bien cette activité », a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué. Choguel Maïga, dans laquelle il est précisé que « lorsque le gouvernement de la République du Mali jugera opportun d’ouvrir des négociations avec des groupes armés de toute nature, le peuple malien sera informé par les canaux appropriés ». Le gouvernement, en place après le dernier coup d’État en mai dernier, affirme avoir appris « par la presse » le début des négociations avec les chefs djihadistes, même si le ministère des Affaires religieuses a confirmé il y a quelques jours dans un communiqué qu’il était a été officiellement désigné par les autorités pour dialoguer avec certains groupes djihadistes. Dans le communiqué, le gouvernement de transition assure néanmoins avoir pris acte des recommandations formulées lors du Dialogue national de décembre 2019 et de la précédente Conférence nationale d’entente. (2017), des recommandations qui vont « dans le sens de négociations avec tous les enfants du pays pour les réconcilier pour la stabilité » du Mali.

La nouvelle de la mission reçue par les autorités de transition de dialoguer avec certains groupes djihadistes actifs au Mali avait été confirmée à « Rfi » et à d’autres journaux internationaux directement par le ministre des Affaires religieuses et des Cultes, Mamadou Koné, selon laquelle la décision répondait à une « volonté populaire ». Sur la page Facebook du ministère se trouvent encore les photos, publiées dans un post le 12 octobre, de la rencontre tenue entre les membres du Haut Conseil islamique et le ministre Koné lui-même, dans laquelle ce dernier illustre aux imams les « missions de médiation « à tenir » avec des groupes extrémistes au Mali ». De même, le chef de cabinet du ministère, Dame Seck, a déclaré à la presse française qu' »au niveau administratif, il est désormais clair que c’est notre ministère qui a le dossier en main ».

Selon les informations connues à ce jour, les imams du Haut Conseil islamique auraient notamment pour mission de négocier avec deux des principaux chefs djihadistes actifs dans le pays et dans les territoires sahéliens voisins : Iyad Ag Ghaly, chef du soutien à l’Islam et aux musulmans (Jnim), et Amadou Kouffa, chef de la katiba Macina, un groupe actif dans le centre du Mali et affilié aux Jnim. Le Haut Conseil islamique avait à son tour commenté que ce choix était conforme aux souhaits exprimés lors du dialogue inclusif tenu en 2019, que les autorités de transition souhaitent désormais mettre en pratique. « C’est une demande populaire », a déclaré à « RFI » le ministre malien des affaires religieuses et des cultes, Mamadou Koné, selon qui « il ne s’agit pas de tergiverser. L’écrasante majorité de la population malienne l’a demandé avant même la transition ». Présidé par l’imam Cherif Ousmane Madani Haidara, le HCI avait déjà négocié sur le terrain avec les combattants de la Katiba Macina (également connu sous le nom de Front de libération du Macina, de la région du delta du Niger dans laquelle ils opèrent) pour l’accord de cessez-le-feu conclu en mars dernier dans le district de Niono. Un accord qui a en fait été interrompu et pour le rétablissement duquel les autorités gouvernementales travaillent.

Selon le négociateur en chef de Bamako et chargé des pourparlers dans le cadre du HCI, Moufa Haidara, le Haut Conseil a également reçu une mission plus large, celle de « trouver un compromis, entre Maliens, pour que la guerre se termine » tout au long de la pays. . « Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa occupent le terrain », a déclaré le négociateur du HCI, qui souhaite que les futures négociations « mettent fin à l’effusion de sang ». Dans le cadre du dialogue avec les djihadistes, les analystes notent cependant qu’on ne sait pas quel est le point de départ ni quelles sont les lignes rouges à ne pas franchir. Sur la base de l’accord de Niono, qui ne semble pourtant pas représenter la base des pourparlers, les djihadistes avaient accordé la liberté de circulation dans leurs zones d’action à tous les habitants et aux chasseurs dozo traditionnels, même armés, en échange de la usage du voile obligatoire pour les femmes, de la perception de la zakat (hommage religieux interne à l’islam et revendiqué par les djihadistes comme un impôt local), et le respect de la justice traditionnelle garanti par la katiba Macina.

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Campion Roussel

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