Statut : 10.05.2021 15h42
La pandémie a creusé des trous profonds dans les caisses de l’État. Un impôt sur la fortune pourrait aider à les brancher. Le FMI et l’OCDE seraient favorables. L’exemple de la France est dissuasif.
En fait, ce sont toujours principalement les partis de gauche qui exigent des impôts plus élevés pour les riches. C’est différent depuis ce printemps. À la surprise de nombreux observateurs, le Fonds monétaire international (FMI) a proposé l’instauration d’un impôt sur la fortune lors de sa réunion de printemps à la mi-avril afin de mieux couvrir les coûts de la pandémie.
Dans son dernier rapport sur l’état des finances publiques, le FMI prône un transfert temporaire des « dix mille supérieurs », à l’instar de la contribution de solidarité en Allemagne. Le FMI n’écrit pas à quel point la taxation pourrait être élevée et qui exactement devrait être touché par elle.
Sachant à quel point cette question est sensible, le Fonds monétaire propose des prélèvements plus élevés pour les entreprises qui ont réalisé des « bénéfices excédentaires » pendant la pandémie comme alternative à des impôts sur le revenu et sur la fortune plus élevés. À titre d’exemple, le FMI cite des sociétés pharmaceutiques et technologiques telles qu’Amazon, qui ont bénéficié de la lutte contre le virus et des restrictions de sortie mondiales.
L’OCDE prône également un impôt sur la fortune
L’organisation des nations industrielles OCDE est depuis longtemps favorable à la réintroduction de l’impôt sur la fortune en Allemagne. Des études internes ont montré qu’une telle taxe est moins distorsive et a donc moins d’effets négatifs sur la croissance économique que, par exemple, une taxation élevée des revenus du travail, selon l’organisation. Un tel impôt est également généralement équitable, car la richesse est très inégalement répartie, notamment en Allemagne.
Dans son manifeste électoral, le SPD prône également une réforme de l’impôt sur le revenu qui améliore la situation des petits et moyens revenus. En retour, « les cinq pour cent les plus riches » devraient être davantage utilisés pour financer des tâches publiques importantes. A l’avenir, une majoration de l’impôt sur le revenu de trois points de pourcentage s’appliquera aux personnes mariées pour la partie du revenu imposable supérieure à 500 000 euros par an, pour les célibataires à partir de 250 000 euros par an.
L’exemple de la France est dissuasif
Un regard sur la France montre quelles forces paralysantes peuvent émaner d’un tel impôt. Ils ont été introduits par les socialistes après leur arrivée au pouvoir sous François Mitterrand en 1981. L’« impôt de solidarité » dit « Impôt de Solidarité sur la Fortune », en abrégé ISF, touchait tous les particuliers disposant d’un patrimoine supérieur à 1,3 million d’euros. .
340 000 Français devaient désormais payer l’impôt. Beaucoup d’entre eux ont alors décidé de quitter le pays et de déménager leur résidence officielle principale en Belgique, à seulement 200 kilomètres de Paris. D’autres sont allés en Suisse ou au Luxembourg. Cela comprenait également de nombreuses célébrités telles que l’acteur Gérard Depardieu et l’opticien Allain Afflelou, le français Fielmann.
Fuite des capitaux supérieure aux revenus
Selon les estimations, jusqu’à sept milliards d’euros auraient ainsi afflué à l’étranger chaque année – avec des recettes fiscales annuelles de quatre à cinq milliards d’euros. Ainsi, l’impôt sur la fortune s’est vite avéré être une activité déficitaire. Selon les économistes, la taxe a coûté à la France 0,2% par an de croissance économique jusqu’à sa suppression en 2018.
L’ancien Premier ministre Edouard Philippe a déclaré que 10 000 contribuables avaient déplacé 35 milliards d’euros à l’étranger au cours des 15 dernières années. « Une taxe qui encourage la fuite des capitaux a échoué », avait déclaré Philippe dans un entretien au journal « Libération » en 2017, un an avant la suppression de l’ISF.
Le nouveau Président Emmanuel Macron a donc décidé début 2018 de convertir l’impôt sur la fortune en un impôt foncier pur (IFI – Impôt sur la Fortune Immobilière) et d’abaisser le plafond d’imposition. L’impôt n’est calculé que sur la partie de l’actif qui excède 800 000 euros. Près de 133 000 Français doivent les payer. Comme auparavant, les biens immobiliers qui comptent comme fonds de commerce restent exonérés d’impôt.
Dans ce cas aussi, selon les critiques, les Français vraiment riches seraient épargnés de l’impôt. Et les revenus générés par l’IFI sont limités : le ministère des Finances table sur environ un milliard d’euros par an. Ce n’est qu’au début, c’est-à-dire en 2018, qu’il était un peu plus à 1,8 milliard d’euros.
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