Républicains en France : la fin d’un parti populaire – Politique

Debout ou simplement allongé ? Dans la quatrième année de leur crise majeure, les républicains français sont encore loin de s’en remettre. Pire encore, la question de savoir si le parti en a encore besoin se pose de plus en plus fort. Il faudra attendre un an avant l’élection présidentielle du printemps 2022. La France se prépare à un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le centre libéral-conservateur contre l’extrême droite. Les candidats de l’ancien Parti républicain du peuple ne sont jamais en tête des sondages.

Si vous voulez dire quand ce déclin a commencé, vous êtes libre de choisir. On peut commencer par la décomposition interne. Avec les hommes qui étaient au sommet du parti et qui se sont ensuite retrouvés au tribunal. Avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Les conservateurs pleurent toujours les anciens présidents Chirac et Sarkozy. Même si tous deux ont été condamnés, Chirac pour corruption et Sarkozy pour pots-de-vin.

À la mort de Chirac en 2019, le chagrin dans le pays était si grand que c’était comme dire au revoir à plus d’une personne. Mais d’une idée que les conservateurs avaient depuis longtemps : proche du peuple et compatible. Même avec la présidence de Sarkozy (2007 à 2012), cette image a commencé à se fissurer. Le ton jovial de Chirac a été remplacé par un ton strident et agressif chez Sarkozy. La raison pour laquelle Sarkozy est toujours la figure de proue du parti a une raison assez simple : il est le dernier à avoir réussi à assurer la présidence des conservateurs.

Le troisième condamné de la ligue, François Fillon, n’enflamme même plus l’imagination de son propre parti. On se souviendra de lui comme du gars qui a frappé les républicains contre le mur en 2017. Tous les sondages indiquaient une victoire des conservateurs. Peu de temps avant les élections, cependant, Fillon tomba sur la fausse occupation de sa femme. Et de son insistance à se considérer comme une victime de la justice et des médias, pas comme un homme qui a fait des erreurs. Chirac, Sarkozy, Fillon – pour les opposants au parti, le trio est devenu synonyme d’une classe politique qui se croit au-dessus des règles.

Fillon était le candidat des riches retraités

Mais parallèlement aux scandales de corruption, deux autres dynamiques s’installent, qui privent les Républicains de leur ancrage sûr. La base électorale du parti était fragmentée. Fillon était le candidat des meilleurs et des retraités. Qu’en est-il de ceux qui avaient des opinions conservatrices mais moins de sécurité économique ? L’extrémiste de droite Marine Le Pen les courtisait plus férocement année après année.

Seulement, et c’est la deuxième dynamique, que ceux qui évoquaient le passé fasciste de Le Pen se sont tus de plus en plus. Le Rassemblement national n’apparaît plus à beaucoup de Français comme un parti radical, mais comme une alternative démocratique à la droite des Républicains.

Suffisamment épuisés, les Républicains ont enfin rencontré en 2017 l’homme qui se fraie un chemin aujourd’hui dans l’insignifiance : Emmanuel Macron. Même si Macron est arrivé au pouvoir avec les voix d’anciens électeurs socialistes, il convainc aujourd’hui avant tout le public conservateur. Et depuis quatre ans, il retire ces forces des républicains qui espèrent un nouveau départ – et luttent pour le pouvoir. Macron a fait venir ses premier et deuxième premiers ministres (Édouard Philippe et Jean Castex) parmi les conservateurs, ainsi que ses ministres de l’Économie et de l’Intérieur.

Personnels arrachés et affaiblis idéologiquement, les Républicains entrent désormais dans la bataille des régions. La France élit ses présidents de région fin juin. Le chef du parti Christian Jacob est confiant. Après tout, les Républicains sont un parti bien plus fort que la République en marche de Macron, qui à son tour disparaît derrière son patron. Aux élections locales de 2020, la moitié des mairies des petites villes sont passées aux républicains. Vous restez le parti du maire, l’ancrage local.

Le vice du parti sympathise avec Le Pen

Mais que reste-t-il quand le Palais de l’Elysée s’éloigne de plus en plus ? Actuellement principalement : litige. D’un côté, les républicains comme le vice-parti Guillaume Peltier, qui sympathise ouvertement avec Le Pen. En revanche, ceux qui entourent l’influent maire de Nice, Christian Estrosi, qui vient de quitter le parti pour se rapprocher de Macron. Le parti est haut et fort sur ce que prédisent les analyses depuis quatre ans : l’espace entre Le Pen et Macron se rétrécit.

Les conservateurs vivent donc aujourd’hui la fragmentation avec laquelle la gauche française a longtemps lutté. Un paysage partisan des deux grands blocs, les socialistes à gauche et les républicains à droite, est devenu un enchevêtrement atomisé. A gauche, les restes des socialistes, les Verts montant et la France populiste insoumise se disputent la suprématie. A droite Macron et les Républicains. Et à l’extrême droite, Le Pen attend.

Campion Roussel

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