La Dgccrf antitrust française enquête sur Wish, le grand site de commerce électronique qui est devenu l’un des principaux acteurs mondiaux du shopping dans cette pandémie. Les accusations sont résumées sur Twitter par le ministre français du numérique, Cédric O : « Fausses promotions, suspicion de contrefaçon… », écrit le ministre anticipant les « résultats accablants des enquêtes ».
En 10 ans, 1,9 milliard de chiffre d’affaires
Wish a longtemps été sous les projecteurs des autorités européennes. Fondée en 2010 par Piotr Szulczewski et Danny Zhang, permet aux producteurs, notamment chinois (94%), de vendre directement au public, sans autres intermédiaires. Sa notoriété grandit grâce à des prix défiant toute concurrence, avec des produits également proposés à zéro euro, il vous suffit de payer les frais de port. Malgré les très longues attentes de la marchandise (on peut même aller au-delà du mois), le modèle a fonctionné et aujourd’hui l’entreprise basée à San Francisco peut compter sur 500 millions d’utilisateurs et 1,9 milliard de dollars de chiffre d’affaires.
Les critiques
En ces années de croissance, les critiques n’ont pas manqué. Tout d’abord, on s’en prend aux prix, qui sont vraiment trop bas afin de ne pas suggérer que de nombreux produits sont contrefaits. Ensuite, il y a les promotions. Il suffit d’ouvrir le site ou l’appli pour voir une pluie de pourcentages qui rappellent l’achat, un chaos de -70%, -80%, -90% qui se succèdent sans s’arrêter et qui vont faire baisser un prix que pour les français c’est totalement constitué. En effet, comme l’écrit le rapport antitrust, « Exempt de toute réalité économique et calculé sur la base de prix de référence trompeurs ». Ensuite, il y a un aspect plus pernicieux, la vente de produits considérés comme illégaux dans le pays de destination. Le cas le plus marquant date de janvier dernier lorsqu’un Anglais achetait régulièrement un Taser, le pistolet à décharge électrique dont on parlait souvent il y a quelque temps. L’arme arrivait régulièrement à sa porte et l’homme était condamné à 11 mois de prison.
Quels risques
La Dgccrf, la même qui avait infligé une amende de 25 millions d’euros à Apple pour « obsolescence programmée », a déjà condamné Wish une fois. Cela s’est produit lors du premier verrouillage car il vendait des masques de protection non standard. Avec cette nouvelle affaire, l’entreprise risque jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires en France mais la procédure fera également jurisprudence sur un aspect fondamental pour le e-commerce mondial. Wish doit être prouvé responsable de ce que les fabricants vendent, pour les prix qu’ils pratiquent et les remises éventuelles. La France se bat depuis un certain temps pour cela, demandant, comme le résume le ministre, « une plus grande responsabilité des plateformes de commerce électronique au niveau européen. Certains fichiers doivent être nettoyés «
Une sanction déjà écrite
Les propos tweetés par Cédric O sont pourtant très durs. « Les Français qui utilisent l’application pour trouver des produits à bas prix doivent savoir qu’ils vont surtout trouver des arnaques », précise-t-il court. En gros une phrase déjà écrite.
2 décembre 2020 (modification 2 décembre 2020 | 11 h 53)
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