Quelle coïncidence. Ironiquement, le dernier jour de l’année, lorsque les Verts ont célébré la fermeture de trois des six dernières centrales nucléaires allemandes, la Commission européenne a déclenché un pétard du Nouvel An avec beaucoup de boum : elle a classé l’énergie nucléaire comme durable dans un projet de règlement.
Cela n’empêche aucun des 27 membres de l’UE de dire adieu à l’énergie nucléaire. Mais le prédicat « durable » pour l’énergie nucléaire garantira que de grandes quantités de milliards d’euros seront injectées dans des centrales nucléaires à la pointe de la technologie et sans CO2 provenant d’investisseurs privés et de pots de subventions de l’UE.
Il est bien connu que la majorité des pays européens n’envisagent pas de s’approprier le purisme climatique allemand. Du point de vue des Verts allemands, c’est déjà assez grave. Ce qui est encore pire pour l’éco-parti qui co-dirige à Berlin, c’est que leurs partenaires de feux tricolores SPD et FDP peuvent apparemment vivre avec si Bruxelles considère le gaz naturel comme utile pour une période de transition en plus de l’énergie nucléaire.
La catastrophe nucléaire pour les Verts : utiliser l’argent des contribuables allemands pour promouvoir l’expansion de l’énergie nucléaire dans l’UE
Les ministres verts Robert Habeck (climat et économie) et Steffi Lemke (environnement) s’indignent ainsi. Des tons de protestation particulièrement aigus viennent de l’organisation de la jeunesse verte, qui est loin à gauche au sein du parti. La cheffe adjointe du parti Ricarda Lang s’attend également à ce que le gouvernement fédéral fasse « pression sur Bruxelles ».
Bien entendu, la Commission est soutenue par une solide majorité des pays de l’UE. Ce qui signifie à son tour que, du point de vue des Verts, il existe une menace de catastrophe nucléaire : le gouvernement fédéral rouge-vert-jaune transfère des milliards d’argent des contribuables allemands à Bruxelles, qui à son tour est utilisé pour promouvoir l’expansion de l’énergie nucléaire dans l’UE, notamment en France.
Le plan de la Commission porte clairement la signature de la France, qui continue de miser sur le nucléaire climatiquement neutre. De plus, la grande coalition précédente a soutenu cette politique parce que la chancelière de l’époque Angela Merkel (CDU) et son vice-chancelier Olaf Scholz (SPD) voulaient parer le gaz comme une technologie de transition avec une étiquette verte. Cela scandalise également les Verts, d’autant plus qu’ils préfèrent arrêter le projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2 aujourd’hui que demain. En revanche, un porte-parole du gouvernement s’est félicité de la classification du gaz naturel comme durable.
Procès contre Bruxelles : Scholz ne s’aliènera pas Macron au nom de la paix aux feux tricolores
L’heure de la publication du plan de l’UE en pleine période des fêtes a jusqu’à présent tempéré les réactions politiques à Berlin. Cela va changer dans les prochains jours. L’alliance des feux tricolores est confrontée au premier conflit majeur. La situation de combat est claire : rouge-jaune contre vert.
L’exigence que Berlin se joigne aux poursuites contre Bruxelles annoncées par l’Autriche et le Luxembourg (deux Etats sans centrales nucléaires) mettra les membres du cabinet vert en difficulté. D’une part, avec son parcours énergétique actuel au sein de l’UE, l’Allemagne est plutôt désemparée. D’un autre côté, toute attaque contre les propositions de la Commission est aussi une attaque contre le président français. Si le chancelier Scholz veut faire avancer les choses en Europe, il ne peut le faire qu’avec Macron. Il semble plus que discutable que Scholz s’aliène le président français au nom de la chère paix des feux de circulation.
Les Verts ont maintenant deux options – mais d’une manière ou d’une autre, les grands perdants sont
Les Verts ont deux options : ils peuvent prendre d’assaut le plan de l’UE, remuer beaucoup de poussière et déclencher une crise de coalition de taille moyenne ; Cependant, étant donné la majorité au Parlement européen, ils n’obtiendront rien de substantiel. Ou bien ils constatent que la plupart des États européens ne s’orientent pas vers les résolutions du congrès des partis écologistes lorsqu’ils sécurisent leur approvisionnement énergétique. Quoi qu’il en soit : les Verts sont les grands perdants.