Cinéma, films dans les cinémas d’Emilie-Romagne : « La Dépêche française » et les autres

« La dépêche française » de Wes Anderson

Une poignée de journalistes, un réalisateur au cœur large (et feuilletage), un style qui s’élève au contenu pour créer une bulle d’esthétique. « The French Dispatch », le nouveau film pandémique tant attendu de Wes Anderson, est un ruban d’emballage du numéro complet d’un magazine idéal qui a ses racines dans le monde réel et élégant du « New Yorker », l’une des nombreuses obsessions. par le réalisateur américain, peut-être le plus têtu et le plus ancestral, s’il est vrai, comme on dit, qu’il collectionne des millésimes entiers. Qu’y a-t-il dans ce film ? Ses acteurs fétiches, de Bill Murray, un réalisateur qui « ne coupe personne » à Tilda Swinton, l’experte en art du magazine, alternent dans un tourbillon de camées avec de nouvelles acquisitions parfaitement intégrées dans le « style Anderson » comme Timothée Chalamet, un jeune engagé qui éprouve le frisson de fascination pour la mature Frances McDormand ou comme Benicio Del Toro, qui prête ses cernes aux obsessions d’un peintre interné dans un mariage criminel amoureux de la langoureuse Lèa Seydoux. En près de deux heures, le voyage commence en couleur pour s’arrêter dans un noir et blanc livide et dans quelque séquence de dessins animés : nous sommes dans les années de contestation de la jeunesse et de grands bouleversements sociaux, des années 50 aux années 60, dans un petit village carte postale de La France, où tout et chacun se conjuguent pour composer la mosaïque de l’imagerie andersonienne. Et comme dans l’exposition qu’Anderson a organisée avec sa femme Juman Malouf pour la fondation Prada il y a deux ans – « Le sarcophage de Spitzmaus et autres trésors » – le film risque de devenir un catalogue d’amours et de passions, plus qu’un film, où les émotions s’amenuisent et se perdent dans une esthétique et une grâce parfaites. Mais cette fois il ne brille pas, mais reste opaque.
Note : 6,5. Car pour les Andersoniens, le rendez-vous au cinéma est essentiel, mais il y a quelques déceptions.

« 3/19 » de Silvio Soldini

« 3/19 »
« 3/19 »

Camilla est avocate d’affaires. Sa vie est une photocopie de beaucoup que le cinéma essaie de saisir de manière cyclique, à partir de «Une femme de carrière». La routine partagée entre les appels internationaux, un monde de collègues masculins dans lequel il faut être meilleur que tout le monde pour résister et une maison de design où elle revient chaque jour plus tard, s’arrête une nuit, quand, sous la pluie, elle se fait écraser par deux garçons en scooter et l’un d’eux meurt. La collision avec le scooter est pour Camilla le tournant, une clé de la porte à tambour qui est restée bloquée et le coup du couloir, dont la cave détient le secret d’une grande douleur qui n’a jamais été résolue, est la représentation plastique d’elle propre inconscient, inaccessible aux années et pourtant massivement présent dans ses rides, dans la fragilité et l’agressivité avec lesquelles il mord la vie puis se blesse toujours. Pas à pas, Camilla descend dans les Enfers qu’elle a construit avec sa carrière, dans la prison qu’elle a construit succès après succès. Et avec un mécanisme qui rappelle le protagoniste du « Sacré-Cœur » d’Ozpetek, elle démolit ses certitudes, quitte à mi-chemin les rencontres, brise une relation basée sur les absences, le désengagement. Soldini construit autour de Kasia Smutniak un personnage qui sait changer et réagir, qui sait rouvrir les yeux sur sa propre existence et retrouver la relation avec sa fille. Tout n’est pas au rendez-vous, surtout dans la deuxième partie, quand la tension s’apaise, mais Smutniak rend Camilla crédible et Soldini sait l’accompagner avec transport dans la découverte d’un nouveau soi.
Note : 6/7. Car c’est un film italien rare et qui enquête sur un sujet d’une grande urgence.


« Mulholland Drive » de David Lynch

Ceci n’est pas une critique. Cela ne peut pas être. Parce que nous sommes face à l’un des films les plus importants du XXIe siècle, jugé parmi les meilleurs des vingt dernières années. Et parce qu’un film comme Mulholland Drive est un objet tellement insaisissable et d’une beauté tellement insaisissable qu’il serait présomptueux d’essayer de le catégoriser pour le revoir. C’est plus un appel. Car vingt ans après sa sortie, lundi 15, mardi 16 et mercredi 17, le chef-d’œuvre du réalisateur américain qui n’a pas remporté le festival de Cannes battu par « La Chambre du fils » de Nanni Moretti revient au cinéma dans la version restaurée par la Cineteca di Bologne. Et l’occasion est à ne pas manquer. Ni pour ceux qui il y a vingt ans passaient leurs soirées entre amis à se disputer pour essayer de créditer telle ou telle version, ni pour ceux qui sont il y a vingt ans ou il y a vingt ans qui ne l’ont pas vu. Quelle que soit la catégorie à laquelle vous appartenez, ne manquez pas l’occasion de voir ou revoir ce film en langue originale où il y a une Naomi Watts qui ne serait plus jamais aussi bonne et où toutes les fixations de l’esthétique lynchienne cohabitent avec l’art à l’état pur, donner des émotions à chaque prise de vue.
Grade: 10 avec mention et baiser académique. Parce qu’un film comme celui-ci change votre vie, et il est si rare d’en rencontrer un.

«Agent spécial 117 au service de la République. Alerte rouge en Afrique noire » par Nicolas Bedos

Si vous êtes dévoué aux films 007, oubliez-le, car vous ne le prendriez pas avec l’ironie qui s’impose. Si votre Martini doit forcément être Vesper comme disent les romans de Ian Fleming, vous serez horrifié par cette caricature française qui se moque d’elle-même et du genre, mais surtout jouant avec les stéréotypes de la culture française, avec un style gagà. aux sympathies gaullistes marquées. Pour incarner cet agent spécial absolument inconscient, misogyne, politiquement très incorrect, qui débarque au bureau en tapant sur le cul de tous les collègues qui regretteront presque que cela n’arrive pas, c’est Jean Dujardin, le gigione par excellence du cinéma français, qui a ici le même mimétisme du personnage qui l’a rendu célèbre même au-delà des frontières nationales, la star du cinéma muet de « The Artist ». A côté de lui, un antagoniste qui ne pouvait être plus éloigné du style Bond, le jeune Pierre Niney, oxygéné, habillé comme un pêcheur de crevettes du lagon et apparemment encore plus inconscient. Les rôles seront inversés mais jusqu’à un certain point et le déroulement d’une intrigue n’a pas d’importance, ce qui n’est que le prétexte d’une série de blagues qui moquent la virilité super macho et mâle merle. Super pour une soirée de désengagement, sans plus. Mais c’est déjà beaucoup.
Note : 6,5. Parce que nous rions d’une manière agréable et avec une satisfaction supplémentaire, étant donné que nous rions de nos cousins ​​français.

« Une année avec Salinger » de Philippe Falardeau

« Je ne voulais pas être ordinaire. Je voulais être extraordinaire ». Et qui n’en voudrait pas. Et comme Johanna Rakoff, diplômée volontaire qui arrive de provinciale à New York et trouve du travail comme assistante de Sigorney Weaver dans l’agence littéraire qui représente JD Salinger, qui sait combien ont macéré dans le rêve de briser les barreaux. de l’ordinaire pour accéder aux plaisirs d’être extraordinaire. La médiocrité, comme le montre le film de Falardeau, impitoyable dans la présentation des figures masculines et très généreuse dans celle des femmes, a de solides griffes pour la maintenir ancrée dans nos vies. Mais la tendance du film à devenir adulte, qui reflète le mécanisme des romans de passage à l’âge adulte, donne à Johanna l’occasion de démontrer que le talent trouve des moyens de s’exprimer. Même sous une tête (femme) qui aspire à l’écraser. Le film de Falardeau est décidément naïf. Les jonctions narratives sont simples, les virages prévisibles. Mais il peut séduire un (très) jeune public. Ce qui souffre toujours, à juste titre, de la fascination de l’écrivain américain Salinger et des histoires dans lesquelles les protagonistes trouvent le moyen d’émerger. Même dans le New York impitoyable des milieux littéraires.
Note : 5,5. Parce qu’il est juste que les garçons rêvent. Mais ils méritent des films plus courageux.

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12 novembre 2021 (modification 12 novembre 2021 | 16:33)

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Campion Roussel

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