le jugement du traître au château du Guirbaden

Encore de nos jours, le mystère plane sur le pourquoi et la date exacte de la destruction du château de Guirbaden. Les ruines dominent magnifiquement les vallées de la Magel et de la Bruche. Elles montent une garde silencieuse sur ses chemins de franchissement des Vosges fréquentés depuis la plus haute antiquité. Pour certains, la cause de la destruction est soit un parti Lorrain, soit des hordes suédoises pendant la Guerre de Trente Ans.

La légende concorde sur ce point : les soldats avaient réussi à rentrer grâce et la complicité d’un domestique auquel ils avaient promis plusieurs pièces d’or. La nuit de la fête patronale de Saint-Florent à Haslach, ce sera le 7 novembre, c’est bientôt, la ruine du Guirbaden se peuple soudainement d’une armée de fantômes. Le Bailli du château, lui qui avait été trahi, sort de son sépulcre. Son ombre frôle les murs des grands appartements d’où jaillissent tous ses compagnons d’infortune, ceux qui avaient péri dans le terrible incendie qui a ravagé le château et qui criaient maintenant vengeance. 4 serviteurs soulèvent ensuite une grosse dalle qui ouvre le long souterrain où repose la dépouille de la comtesse. 

Le cercueil est remonté en surface et posé au milieu de la grande salle d’apparat du château où tous les spectres se sont déjà réunis. Le Bailli préside l’Assemblée. Sa tête n’a plus d’yeux, il ne reste à la place que des orbites vides d’où jaillissent des braises ardentes. Son corps est couvert de blessures d’où coule à nouveau le sang. On fait alors venir le traître. Vêtu d’une chemise rouge, il tient encore à la main la grosse clé avec laquelle il a autrefois ouvert une poterne à l’ennemi, livrant à la mort ses compagnons d’armes. Le coupable est interrogé longuement, il tente de justifier son geste, mais l’Assemblée le reconnaît coupable du crime de haute trahison. 

La comtesse, qui restait jusque-là immobile, figée par la mort, se dresse soudain dans son cercueil et crie : vengeance ! Punissez le traître. Aussitôt les esprits se précipitent sur le mauvais valet, abattent leurs armes pendant que la cloche de la petite chapelle Saint-Valentin se met à sonner à la volée. Les fantômes entament alors une ronde infernale. Le sang a coulé, la trahison est vengée. Se tenant par la main, ils volent à travers les airs, tournoyant autour de la dépouille du traître. Ce ballet se poursuit jusqu’à l’aube, les premiers rayons du soleil effaceront tout. Ne traînez pas au château du Guirbaden dans la nuit du 6 au 7 novembre.

Albain Forestier

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