En France, le projet du Royaume-Uni de renvoyer les bateaux transportant des migrants dans les eaux françaises suscite de vives inquiétudes. Les garde-côtes britanniques s’entraînent depuis des mois pour mener des « actions de retournement » en mer. Jean-Luc Dubaele, maire de la ville côtière française de Wimereux, a qualifié le plan de « humanitairement scandaleux, vraiment incroyable et inhumain ».
De plus en plus de personnes fuient la France vers l’Angleterre par l’eau. Il y en avait déjà 13 500 cette année et seulement 2 000 en 2019. Wimereux, une ville côtière française à l’ouest de Calais, est un point de départ populaire.
« Aujourd’hui, il y a une invasion de migrants sur notre territoire », a déclaré le maire Dubaele. « Nous sommes très inquiets. Des camps de migrants ont été mis en place depuis le week-end dernier. Nous n’avons pas assez de policiers ou de personnel pour agir contre eux. »
De plus, les Français disent qu’en vertu du droit maritime, ils ne sont plus autorisés à intervenir une fois que les réfugiés sont sur l’eau. Et cela frustre les Britanniques. Car une fois les bateaux arrivés du côté anglais de la Manche, les garde-côtes britanniques sont obligés de les secourir.
Messe en bateau
Le fait que le flux de migrants soit désormais aussi important est dû à un concours de circonstances. Il est plus facile de traverser la Manche en été, par beau temps et eaux calmes. Et il y a quelques années, de nombreux migrants tentaient encore de se rendre en Angleterre en grimpant dans des camions. Cette option est devenue moins populaire car les camions sont soumis à des contrôles de plus en plus stricts.
La plupart des migrants sont des personnes originaires du Moyen-Orient et d’Afrique, avec un nombre croissant de femmes et d’enfants. Ils veulent aller en Grande-Bretagne parce que la famille y vit déjà ou parce qu’ils parlent bien la langue. Il est aussi plus facile en Angleterre de travailler au noir et le système de santé est attractif.
Irritation entre le Royaume-Uni et la France
Les Britanniques ont promis 62,7 millions d’aide financière à la France en juin pour y doubler les garde-côtes. Mais parce que le littoral de la France est très long, même ce doublement ne peut pas arrêter tous les bateaux.
C’est pourquoi Priti Patel, le ministre britannique de l’Intérieur, a proposé hier ce nouveau plan pour intercepter les bateaux en mer. Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a réagi aujourd’hui avec pitié. « La France n’acceptera pas ce genre de pratiques contraires au droit maritime. Le Royaume-Uni doit respecter ses accords. »
« L’attitude des Britanniques est scandaleuse », a déclaré le maire Dubaele. « Pensez-y, ces bateaux en mer, avec des enfants. Quand la marée est basse, ça va encore, mais aujourd’hui, il y a des creux de vagues de deux ou trois mètres. La mer bouge. »
Seulement si c’est sûr
Il reste à voir si le plan britannique peut réellement être mis en pratique. Les garde-côtes ne sont autorisés à intervenir que si le bateau transportant des migrants n’est pas mis en danger. Et même si l’opération peut être réalisée en toute sécurité, les Français doivent également coopérer.
« Vous ne pouvez pas simplement rendre un bateau », a déclaré Lucy Moreton du syndicat britannique des frontières, de l’immigration et des douanes. « Vous devez obtenir l’approbation de l’autre pays. Si les Français ne les laissent pas entrer, nous ne pouvons pas les renvoyer. »