Les victimes de l’attentat de Paris s’expriment : « J’ai pleuré dans les bras de mon fils »

« C’était très intense », raconte la correspondante Eveline Bijlsma, qui était au tribunal aujourd’hui. « Vous avez toutes sortes de victimes. Il y a des gens qui ont été blessés, mais aussi des proches, des gens dont toute la vie est chamboulée et des gendarmes qui ont dû être sur place. »

L’attaque oubliée

Au premier jour, les victimes de l’attentat du Stade de France, le premier attentat à l’époque, prennent la parole. « Il est apparu que ces personnes étaient tristes que l’attaque ne soit très souvent pas mentionnée », explique Bijlsma. « Il s’agit toujours des terrasses, des cafés et du Bataclan. L’attaque du stade était là aussi, mais on peut dire qu’elle a échoué. »

Les terroristes avaient prévu d’attaquer le stade de football, où était assis le président Hollande, mais ils n’ont pas pu entrer et ont laissé exploser leurs ceintures de bombes à l’extérieur. En conséquence, il n’y a eu « qu’un seul » décès.

Toujours aux prises avec un fauteuil roulant

Des personnes ont également été blessées au Stade de France. Bilal Mokono était assis avec son fils dans un restaurant près du stade. Ils ont eu le plein souffle. Depuis lors, Mokono est en fauteuil roulant.

« Quand j’ai retrouvé mon fils, c’est moi qui pleurais dans les bras de mon fils », a déclaré Mokono au tribunal aujourd’hui. Il n’y a pas de caméras, mais il y a des journalistes qui enregistrent les histoires† « Mon fils n’avait jamais vu son père pleurer. Son père est fort. »

Mokono est sourd d’une oreille et ne peut plus marcher. Il a du mal à accepter que ses enfants le voient en fauteuil roulant.

Affrontement avec Abdeslam

Une vingtaine de suspects sont jugés à Paris, majoritairement des complices. Tous les kamikazes sauf un sont morts au cours de leur attentat : le Belge Salah Abdeslam. Sa ceinture anti-bombes n’a pas explosé. Il est le plus célèbre de tous les suspects.

130 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées dans les attaques. Environ 300 personnes parleront au nom des victimes dans les semaines à venir.

« Être si proche des suspects peut être très difficile pour certains, car c’est une forme de confrontation », a déclaré Philippe Duperron à l’agence de presse Reuters. Il représente un groupe de proches et a lui-même perdu son fils au Bataclan.

Selon Duperron, les victimes et les auteurs ne sont pas littéralement « les yeux dans les yeux » en raison de la position dans la salle d’audience. « Pourtant, la proximité est douloureuse et difficile pour beaucoup », dit-il.

« L’explosion, le son, l’odeur »

Aujourd’hui, de nombreux officiers ont pris la parole. « L’un des terroristes a demandé à ma collègue où se trouvait le McDonald’s et a dit qu’elle avait de très beaux yeux. Quelques secondes plus tard, l’explosion s’est produite », raconte policier Philippe. « Le lendemain, ma femme m’a dit d’en parler à nos enfants. Je leur ai dit : vous pouvez chacun me poser cinq questions et nous n’en parlerons plus. »

Son collègue Pierre, gendarme, a maintenant trouble de stress post-traumatique. « Je garde l’explosion en moi, je garde le son en moi, je garde l’odeur en moi. » De nombreux officiers qui ont pris la parole aujourd’hui ont démissionné.

La correspondante Eveline Bijlsma a entendu toutes les histoires. « Il y avait des gens dans la salle qui se sont mis à pleurer et des gens de l’aide aux victimes qui sont ensuite arrivés en courant. Il y avait aussi des gens qui se sont réconfortés, ce qui était agréable à voir. Mais surtout beaucoup de larmes, aussi avec les journalistes. »

Aigles du Death Metal

Les membres du groupe Eagles of Death Metal devraient également prendre la parole. Ce groupe de rock se produisait au Bataclan lorsque les terroristes armés ont fait irruption dans la salle.

Le méga-procès prendra encore neuf mois.

Marceline Desjardins

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