À quel point la performance de Philipsen est-elle exceptionnelle pour un Belge ?
Het Vandeweghe : « Parmi les purs sprinteurs, il est déjà au niveau de Tom Boonen, même s'il n'aimait pas non plus aller sur le Tour. Cela semble être le cas chez Philipsen. Le meilleur sprinter belge de tous les temps est Freddy Maertens. Mais si Philipsen reste en bonne santé dans les années à venir et continue de participer au Tour de France, il sera parmi les meilleurs.
« Sa vitesse pure, notamment sur les longues distances, est très impressionnante. Mark Cavendish a sprinté plus vite, mais on parle de cinq mètres. Philipsen sprinte un kilomètre par heure plus lentement, mais le fait sur des dizaines de mètres à la fois. Et personne d’autre sur cette tournée ne peut faire ça pour le moment. Certes, ce n’est pas une génération de sprinteurs super forte pour le moment, mais ce que fait Philipsen est très fort.
« Aujourd'hui, il l'a aussi fait presque seul, sans Mathieu van der Poel. Il peut très bien réaliser un sprint chaotique. Il l'a également montré lors du Tour de Belgique. Que ce soit avec trois hommes devant lui ou simplement en sautant de roue en roue, Philipsen gagne.
Peut-on appeler cela une séquence de victoires ? Et est-ce que ça va durer ?
« UN série de victoires est-ce sûr. Techniquement, il a remporté quatre sprints sur cinq, mais celui qu'il a perdu contre Mads Pedersen était un peu spécial. En montée raide, sur une pente de quatre pour cent, Philipsen n'est tout simplement pas assez puissant pour cela en termes de puissance absolue. Mais en plaine, Philipsen roule actuellement plus vite que quiconque sur le Tour.
« Et il n'y aura plus beaucoup d'étapes de sprint, mais pour gagner celle de Paris par exemple, il lui faudra d'abord survivre à la montagne. Cela dit, ses chances semblent bonnes. Philipsen est un coureur assez complet qui, contrairement à Mark Cavendish, peut gravir une montagne sans trop forcer. Ce serait un exploit formidable et unique s’il pouvait remporter chaque sprint plat de ce Tour de France.
Le maillot vert est-il donc une affaire gagnée pour Philipsen ?
« Oui oui. A moins qu'il ne tombe et ne parvienne pas à Paris, bien sûr. Mais sinon je ne vois pas qui pourra le détrôner maintenant. Ou alors ce devrait déjà être Jonas Vingegard ou Tadej Pogacar, qui gagneront désormais tout ce qu'il y a à gagner. Par exemple, Eddy Merckx a pris le green presque accidentellement. Mais cela reste très exceptionnel.
Philipsen l'a fait seul aujourd'hui : donc peut-il vraiment le faire sans son coéquipier Mathieu van de Poel ?
« Il peut le faire sans van der Poel et il peut le faire avec van der Poel. Philipsen a besoin que son coéquipier soit lancé encore plus vite face à d'autres bons trains de sprint. Mais dans des situations comme aujourd’hui, où tout le monde doit accélérer, il n’y a personne de mieux que Jasper Philipsen.
Le Belge a été critiqué à plusieurs reprises pour son sprint, le fait qu'il « s'écarte de sa ligne ». Est-ce un argument valable ?
« Si je devais faire du vélo moi-même, je n'aimerais pas sprinter à côté de Philipsen. Ce n'est pas un kamikaze, mais il revendique très clairement sa place. Si les règles étaient telles qu'elles devraient être, à savoir qu'il faut suivre strictement sa ligne, il aurait été disqualifié. Mais ces règles n’existent pas actuellement, donc il n’a commis aucune erreur. Donc ce que disent les autres n’est rien d’autre que de la jalousie.
« De plus, il l’a fait aussi proprement que possible aujourd’hui. En fait, Philipsen a envoyé un message : il est tout simplement beaucoup plus rapide que les autres. Il n'y avait même personne d'autre à la photo d'arrivée aujourd'hui. Il devient alors difficile de s’en plaindre.»