Abi Ahmed mènera une « contre-attaque » directement au front

Les médias officiels ont rapporté mercredi que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est en première ligne alors qu’il dirige les forces gouvernementales dans une « contre-attaque » contre les rebelles de la région du Tigré qui menacent de s’emparer de la capitale, Addis-Abeba.

Plusieurs pays et organisations ont à eux seuls demandé le départ de l’Éthiopie, les efforts diplomatiques de la communauté internationale n’ayant jusqu’à présent pas réussi à obtenir un cessez-le-feu après plus d’un an de conflit marqué par le spectre de la famine.

La Fana Broadcasting Corporation a rapporté qu’Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, est désormais « à la tête de la contre-attaque » et « à la tête du champ de bataille depuis hier », affirmant que le vice-Premier ministre Demek Mekonnen à Addis-Abeba gère désormais « les affaires courantes ».

Le sort du Premier ministre, un ancien opérateur radio de l’armée devenu colonel, n’était pas connu mercredi. Fana n’a pas diffusé ses photos sur le terrain.

De retour d’un nouveau poste à Addis-Abeba, l’émissaire américain dans la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, a annoncé mardi « des progrès émergents » vers une solution diplomatique au conflit. Mais il a averti que « l’escalade » militaire risquait de la rendre inutile.

La guerre au Tigré a commencé en novembre 2020, lorsque M. Ahmed y a envoyé l’armée fédérale pour évincer les autorités du Front de libération du Tigré, qui a défié son autorité et l’a accusé d' »attaquer des bases militaires ».

M. Ahmed a déclaré la victoire trois semaines plus tard après avoir capturé la capitale régionale, Mikkeli. Mais en juin, le Front de libération du Tigré a repris le contrôle de la plupart des régions du Tigré et a poursuivi son offensive dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar.

Cette semaine, le Front populaire de libération du Tigré a revendiqué le contrôle de Shewa Robit, une municipalité située à 220 kilomètres au nord-est d’Addis-Abeba.

Médaille olympique débutant

Mercredi, des centaines de nouvelles recrues de l’armée, qu’Ahmed a exhortées à « rejoindre la campagne pour la survie », selon Fana, ont assisté à une cérémonie à Addis-Abeba.

« J’ai été étonné d’entendre » que le Premier ministre voulait rejoindre les militaires sur le terrain, a déclaré à l’AFP Tesfaye Sharifa, un chauffeur de 42 ans qui faisait partie des conscrits.

Quand le chef s’en va […] Son trône sauve sa patrie. Son but n’est pas de vivre, mais de sauver son pays, et j’ai pleuré quand il a dit « Suivez-moi » et est allé au front. « 

Parmi ceux qui ont juré de se battre se trouve le marathonien et médaillé olympique Vesa Lilisa, qui a déclaré que l’avancée des rebelles était une « grande opportunité » de défendre le pays.

« Quand un pays est profané, il m’est impossible de ne pas bouger et de simplement regarder », a-t-il déclaré à un autre média d’Etat, la BBC éthiopienne.

Aux Jeux de Rio 2016, M. Vesa a défrayé la chronique en franchissant la ligne d’arrivée du marathon les bras levés et croisés – un geste de solidarité avec son peuple, le peuple Oromo, dont les manifestations contre le pouvoir sont depuis longtemps entre leurs mains. . Le Front populaire de libération du Tigré a été sévèrement réprimé.

réjouir

Le gouvernement continue d’affirmer que l’avancée du TPLF a été surestimée, dénonçant une couverture médiatique à sensation et des recommandations sécuritaires des ambassades considérées comme alarmantes.

Les Nations Unies ont exprimé leur inquiétude mercredi après avoir entendu des informations faisant état de déplacements massifs de personnes dans le Tigré occidental. Washington a déjà mis en garde contre le nettoyage ethnique dans la région.

Le Haut-Commissariat aux réfugiés a déclaré que ces mouvements auront lieu à partir d’une zone frontalière du Soudan et de l’Érythrée. Les autorités du district du Tigré ont signalé 8 000 nouveaux arrivants, peut-être jusqu’à 20 000, mais ces chiffres n’ont pas été immédiatement confirmés.

Londres a appelé mercredi ses citoyens à quitter l’Éthiopie « immédiatement », citant une « dégradation » rapide de la situation.

La France, l’Italie, l’Allemagne, l’Irlande et les États-Unis ont lancé des appels similaires. Washington, Londres et l’Union européenne ont également retiré leur personnel non essentiel, tandis que l’ONU évacuera les familles de son personnel étranger d’ici jeudi.

Par ailleurs, l’Irlande a annoncé mercredi que l’Éthiopie avait demandé à quatre de ses diplomates de quitter le pays au cours de la semaine prochaine.

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que cette décision découle « des positions que l’Irlande a exprimées au niveau international. […] Sur le conflit en cours et la crise humanitaire en Éthiopie.

De son côté, Paris a appelé mercredi à un cessez-le-feu et à un « dialogue politique » entre les belligérants du pays.

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Campion Roussel

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