Pourquoi la France et le Royaume-Uni se disputent la pêche

Ces derniers jours, l’affrontement entre les gouvernements français et britannique sur les droits de pêche dans la Manche, qui dure depuis plusieurs mois, est devenu plus ouvert et hostile, au point qu’il pourrait risquer mettre en danger d’autres accords commerciaux et politiques importants. Ceci bien que la question de la pêche en Manche soit économiquement peu importante pour les deux pays, et concerne un nombre limité de navires de pêche : il s’agit avant tout d’un affrontement symbolique et de principe, qui met bien en évidence les difficultés des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne après le Brexit.

En quelques jours, la France a saisi un bateau de pêche britannique, et peu de temps après, le Royaume-Uni a convoqué l’ambassadeur de France pour lui demander des explications. Dimanche entre le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron, il y a ensuite eu un affrontement à distance au G20 à Rome, les deux dirigeants s’accusant mutuellement de faute et violant les accords conclus au moment du Brexit.

Les deux pays se sont également lancé des ultimatums : la France a déclaré que si le Royaume-Uni ne renonçait pas aux droits de pêche d’ici le 2 novembre, il appliquerait diverses mesures de limitation des échanges, tandis que le Royaume-Uni a déclaré que si la situation n’est pas résolue dans les 48 heures intentera une action en justice par le biais du mécanisme de règlement des différends de l’Union européenne.

Le différend entre la France et le Royaume-Uni découle du fait qu’avant le Brexit, les navires de pêche français opéraient historiquement dans les eaux britanniques (l’inverse était également vrai, mais dans une bien moindre mesure). Cela était particulièrement vrai pour certaines zones particulières, comme les eaux autour de l’île de Jersey, qui se situe à quelques kilomètres des côtes françaises, mais dépend formellement du Royaume-Uni.

Après le Brexit, il est devenu nécessaire de trouver un accord sur le partage des zones de pêche. Les droits de pêche ont été l’un des sujets les plus discutés dans l’ensemble des négociations, et il a finalement été décidé que le Royaume-Uni accorderait une licence de pêche dans ses eaux aux navires européens actifs dans la zone qui pourraient prouver que leurs affaires avaient été menées. avec continuité les années précédentes. Cette preuve a été particulièrement difficile à présenter pour les petits navires de pêche français, qui manquent de technologie pour suivre leurs activités et leurs routes.

En tout, il a écrit les Temps Financier, le Royaume-Uni a autorisé 1 700 navires de pêche européens, mais l’a refusé à environ 200, principalement français. Selon le gouvernement français, cela signifie que le gouvernement britannique a exclu 40 pour cent des bateaux de pêche français qui avaient fait une demande, et ce serait une infraction inacceptable (le gouvernement britannique conteste cependant cette donnée).

D’un point de vue économique, la question est presque hors de propos, car elle concerne quelques dizaines (ou au moins quelques centaines) de petits bateaux de pêche. Cependant, les droits de pêche ont pris une énorme valeur symbolique, et sont devenus un enjeu important pour les électorats des deux pays, sur lesquels les gouvernements ont jusqu’à présent refusé de trouver un accord. Pour Boris Johnson, la question des droits de pêche s’est traduite par un soutien solide de la part des tabloïds plus conservateurs en temps de crise, tandis que Macron ne veut pas être faible six mois après le début des élections, dans lesquelles plusieurs districts du nord sont en jeu.

Les tensions entre la France et le Royaume-Uni durent depuis des mois, et sont redevenues assez fortes la semaine dernière, après que les autorités françaises ont saisi un bateau de pêche britannique l’obligeant à accoster au port du Havre. La France a également menacé de représailles plus sévères, telles que l’intensification des contrôles de santé sur les camions traversant le tunnel sous la Manche et diverses restrictions sur les navires de pêche britanniques.

« La balle est dans le camp britannique », a déclaré le président français Emmanuel Macron au G20. « Nous leur avons fait une proposition. Mais si les Britanniques continuent de parler et d’agir comme s’ils ne voulaient pas conclure un accord, même s’il a déjà été signé, et s’ils ne commencent pas à céder, alors les choses vont mal tourner. Nous ne pouvons que défendre nos pêcheurs ». Johnson a répondu dans des termes similaires : « C’est à la France de décider si elle veut renoncer à ses menaces troublantes. »

Une lettre que Jean Castex, le Premier ministre français, a envoyée la semaine dernière à la Commission européenne pour demander des mesures sur la question a également contribué à aggraver le climat. Dans cette lettre, Castex écrit entre autres : « Il est essentiel de montrer clairement à l’opinion publique européenne que le respect des accords signés n’est pas négociable et qu’il y a plus d’inconvénients à sortir de l’Union qu’à y rester ». Selon Boris Johnson, la lettre montrerait que la France veut « punir » le Royaume-Uni pour avoir quitté l’Union, même si ce n’est pas ce que Castex a écrit.

Cadice Lyon

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